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"Mes voisines ont été calcinées": les images des incendies dévastateurs au Chili

Selon un bilan provisoire, 112 morts sont à dénombrer, un chiffre qui devrait cruellement augmenter dans les heures à venir alors que les pompiers continuent de lutter contre un foyer de plusieurs dizaines de kilomètres de diamètre.

"C'est la plus grande tragédie que nous ayons connue depuis le tremblement de terre de 2010." À l'image de l'ensemble de sa population, le président du Chili, Gabriel Boric, est apparu extrêmement marqué ce dimanche 4 février par les violents incendies qui ont ravagé la région côtière touristique de Valparaiso dans le centre du pays, et qui ont fait au moins 112 morts. Un bilan qui risque de s'alourdir ce lundi alors que les pompiers continuent de combattre une quarantaine de foyers actifs.

Des quartiers d'habitations entiers dévastés, des voitures calcinées, près de 26.000 hectares réduits en cendre... Quelque 1.400 pompiers et 1.300 militaires et volontaires s'apprêtent à lutter pour la quatrième journée consécutive contre des dizaines d'incendies dans le centre et le sud du pays, selon le Service national de prévention et de réponse aux catastrophes (Senapred).

Les dégâts provoqués par l'incendie au Chili, janvier 2024
Les dégâts provoqués par l'incendie au Chili, janvier 2024 © RODRIGO ARANGUA / AFP
"Ce chiffre va augmenter, nous savons qu'il va augmenter de manière significative", a assuré le chef de l'État, alors que les autorités locales font déjà état de plusieurs centaines de personnes portées disparues.

"C'était un enfer"

Sur place, les témoignages se multiplient et font état d'un feu rapide et devenu rapidement incontrôlable. "Mes voisines ont été calcinées", raconte Abraham Mardones, qui a miraculeusement réussi à s'échapper de Villa Independencia, l'épicentre des incendies de forêt les plus meurtriers de l'histoire du Chili. Il dit avoir eu le "courage" de recouvrir le corps de l'une d'entre elles.

Les dégâts provoqués par l'incendie au Chili, janvier 2024
Les dégâts provoqués par l'incendie au Chili, janvier 2024 © Javier TORRES / AFP

Encore ébranlé par la vue de ces cadavres carbonisés, ce soudeur et étudiant de 24 ans pleure aussi la destruction de sa maison.

"Le feu a tout consumé, les souvenirs, le confort, la maison. Je me suis retrouvé avec ce que j'avais sur le dos, une salopette et une paire de pantoufles qu'on m'avait offerte. Je n'ai pu sauver que mon chien", dit-il à l'AFP.

Pour sa part, Lilian Rojas, retraitée de 67 ans, vivait près du jardin botanique de Viña del Mar, l'une des zones les plus touchées. "Il ne reste plus une seule maison ici", dit-elle, au milieu des décombres et des cendres.

Les dégâts provoqués par l'incendie au Chili, janvier 2024
Les dégâts provoqués par l'incendie au Chili, janvier 2024 © RODRIGO ARANGUA / AFP

Elle raconte que le feu les a surpris en quelques minutes. "Je suis sortie dehors pour voir et les gens étaient déjà en train de courir. Je suis sortie de chez moi, j'ai fermé la porte et je suis partie", décrit la retraitée, en montrant sa robe rose: "c'est la seule chose qu'il me reste".

Les dégâts provoqués par l'incendie au Chili, janvier 2024
Les dégâts provoqués par l'incendie au Chili, janvier 2024 © RODRIGO ARANGUA / AFP

Rodrigo Pulgar, un chauffeur, a quant à lui perdu sa maison à El Olivar sur les collines de Valparaiso.

"C'était un enfer, des explosions. J'ai essayé d'aider mon voisin à éteindre sa voiture, ma maison commençait à brûler par derrière. C'était une pluie de cendres", raconte-t-il.

Forte canicule

Les conditions météorologiques des dernières heures semblent plus favorables, a déclaré la ministre de l'Intérieur Carolina Toha, décrivant un phénomène typique de la côte pacifique qui produit beaucoup de nuages, une forte humidité et donc des températures plus basses.

"Les conditions actuelles sont plus propices à la prise en charge des victimes et à la maîtrise des incendies", a-t-elle ajouté.

L'incendie de Las Tablas, le plus important dans la région de Valparaiso, est toujours actif et "couvre un périmètre de 80 km", a-t-elle indiqué.

Dans toute la région, prisée pour ses plages et sa production de vin, 17 brigades de pompiers, 1.300 soldats et volontaires civils étaient déployés pour lutter contre les flammes et aider les habitants démunis.

Depuis mercredi, la température frôle les 40 degrés dans le centre du Chili et la capitale Santiago. Cette canicule résultant du phénomène climatique El Niño touche actuellement le cône sud de l'Amérique latine, en pleine période estivale, provoquant des incendies de forêt aggravés par le réchauffement climatique. Après le Chili et la Colombie, la vague de chaleur menace dans les prochains jours l'Argentine, le Paraguay et le Brésil.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV