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Amérique Latine

Le Panama, petit par la taille mais grand paradis fiscal

Après les révélations d'évasion fiscale du "Panama Papers", ce petit pays d'Amérique centrale est mis sur le devant de la scène. Même si le Panama n'est plus black-listé depuis 2012, l'opacité de son système financier a toujours demeuré.

C'est un petit pays de 75.000 km², à cheval entre le Costa Rica et la Colombie, en plein cœur de l'Amérique centrale. Connu pour son fameux canal, on y dénombre un peu moins de quatre millions d'habitants mais beaucoup plus de dossiers confidentiels. Près de 11,5 millions de documents financiers y ont été épluchés (et en partie révélés dimanche) par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ). Cet État, c'est le Panama.

Non black-listé

Pourtant, officiellement, le Panama n'est pas un paradis fiscal. Du moins depuis 2012 lorsque le pays a été retiré de la liste des territoires dits "non coopératifs" de l'OCDE. Il ne figure pas non plus sur la liste noire dressée par la France. Nicolas Sarkozy, président de la République à l'époque, avait ainsi accordé la possibilité d'en sortir pour ne pas priver les entreprises françaises de gros contrats avec le Panama, souligne Le Parisien.

"L'essentiel des pratiques révélées sont donc dans le domaine de la légalité. C'est bien pour cela qu'elles sont pratiquées à une échelle très large", estime Manon Aubry, la porte-parole d'Oxfam France.

"On voit bien l'importance de renforcer le dispositif législatif car c'est aujourd'hui un jeu d'enfant pour une entreprise ou un riche particulier d'évader son argent hors de France", ajoute-t-elle au micro de BFMTV.

Les révélations des "Panama Papers" pourraient réduire à néant ces quelques avancées. "Toutes les informations seront exploitées" par l'administration fiscale, a assuré Christian Eckert ce lundi sur BFMTV. "Ces révélations nous feront des rentrées supplémentaires de la part de ceux qui ont fraudé", a de son côté commenté François Hollande.

Une opacité prégnante

Bien que nombre des transactions mises en lumière par cette vaste enquête ne soient pas forcément illégales, elles n'en demeurent pas moins sensibles politiquement. Mais c'est surtout le peu d'empressement du Panama à appliquer pleinement les standards internationaux de transparence qui font tâche.

En dépit de la pression étrangère, "le pays a ainsi traîné des pieds au moment de répondre aux demandes d'échanges d'informations financières d'autres pays et à lever son secret bancaire", rappelle FranceTV Info.

"Le Panama est devenu le pays le plus opaque de la terre", confirme Pascal Saint-Amans, le directeur du Centre de politique et d'administration fiscales de l'OCDE.

"Si vous allez au Panama, ce n'est pas seulement pour la fraude fiscale", ajoute-t-il au micro de BFMTV. "C'est surtout parce qu'il y a de la corruption, du blanchiment d'argent ou des deals pas très clairs à dissimuler."

Les pays du G20 partageront de manière automatique leurs données bancaires dans les prochains mois. Et il n'est pas question que les autres États ne jouent pas le jeu. Le Panama compterait la bagatelle de 100.000 sociétés off-shore, c'est-à-dire d'entreprises créés pour le compte d'étrangers.

P. P. avec Maxime Cogny, Julien Jacquet et Francis Simoes