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La boîte noire du Rio-Paris, une étape cruciale dans l'enquête

L'équipe d'enquête a repêché dimanche par 3.900 mètres de profondeur le module mémoire de l'enregistreur de paramètres (Flight Data Recorder, FDR) (photo), qui semble en bon état, selon le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA). Pouvoirs publics et famille

L'équipe d'enquête a repêché dimanche par 3.900 mètres de profondeur le module mémoire de l'enregistreur de paramètres (Flight Data Recorder, FDR) (photo), qui semble en bon état, selon le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA). Pouvoirs publics et famille - -

PARIS (Reuters) - Pouvoirs publics et familles des victimes espèrent que la découverte d'une des boîtes noires du vol Rio-Paris permettra une...

PARIS (Reuters) - Pouvoirs publics et familles des victimes espèrent que la découverte d'une des boîtes noires du vol Rio-Paris permettra une avancée significative dans l'enquête sur la catastrophe aérienne qui a fait 228 morts.

L'équipe d'enquête a repêché dimanche par 3.900 mètres de profondeur le module mémoire de l'enregistreur de paramètres (Flight Data Recorder, FDR), qui semble en bon état, selon le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA).

Les recherches ont aussitôt repris lundi dans l'Atlantique, au large du Brésil, pour tenter de retrouver la seconde boîte noire qui contient les enregistrements des conversations de l'équipage dans le poste pilotage.

Si l'enregistreur de paramètres s'avère exploitable, cette première découverte, après 23 mois de recherches, devrait apporter des informations essentielles sur le drame.

Le vol AF447 Rio de Janeiro-Paris avait disparu en mer le 1er juin 2009. L'épave de l'avion a été localisée début avril, 22 mois après l'accident.

"La découverte de cet enregistreur de vol, qui sera je l'espère exploitable, marque une étape cruciale dans la poursuite de l'enquête", a estimé lundi la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet.

"Après près de deux ans d'attente, les familles des victimes vont peut-être pouvoir comprendre les circonstances de l'accident", a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Thierry Mariani, le secrétaire d'Etat aux transports, a souligné que jamais dans l'histoire aéronautique il n'avait été possible jusqu'à présent de "repêcher des débris d'un avion à une telle profondeur".

ENJEUX INDUSTRIELS

"C'est très très encourageant pour toutes les familles de victimes même s'il faut rester prudent en attendant de voir dans quelle mesure l'enregistreur pourra être exploité", a déclaré pour sa part Jean-Baptiste Audousset, président de l'association Entraide et Solidarité AF447.

Les autorités espèrent aussi que les données recueillies permettront à l'ensemble du secteur aérien de tirer les enseignements de la catastrophe.

Un problème sur les sondes de mesure de vitesse de type Pitot, fabriquées par Thales, qui équipaient les A330 et A340, a été avancé comme une cause possible.

Ces petits tubes placés à l'avant de l'appareil givraient à haute altitude. Mais le BEA pense que cette défaillance, si elle était confirmée, ne suffirait pas à expliquer l'accident.

La boîte noire retrouvée dimanche a été remontée à bord du navire Ile de Sein, en charge des recherches, par un robot sous-marin de type Remora. Elle devrait être rapatriée à Paris d'ici huit à dix jours mais les enquêteurs restent prudents.

"Une chose est claire, c'est que même si la boîte n'a pas l'air endommagé, on ne peut pas se prononcer sur son fonctionnement tant qu'on ne l'a pas ouverte", a dit une porte-parole du BEA. "Cela demande des équipements extrêmement pointus. L'analyse ne peut se faire qu'à Paris."

Des photos diffusées sur le site internet du BEA de la boîte avant qu'elle soit remontée à la surface montrent un objet cylindrique orange à moitié enfoui dans le sable.

La structure abritant l'enregistreur semble intacte et remarquablement exempte de corrosion.

La réponse au mystère de cette catastrophe comporte des enjeux judiciaires et industriels. Le constructeur Airbus et la compagnie Air France ont été mis en examen mi-mars pour "homicides involontaires" par un juge d'instruction de Paris.

Les deux sociétés ont protesté et expliqué qu'il n'y avait aucune raison de les incriminer tant qu'on ne connaissait pas avec précision les causes de l'accident.

Selon des avocats des familles des victimes, la juge d'instruction a cependant mis en avant un défaut de retour d'expérience entre Air France, Airbus et l'Agence européenne de sécurité aérienne (EASA) au sujet des incidents de sondes Pitot.

De nombreux incidents de givrage avaient en effet été enregistrés avant la catastrophe.

Gérard Bon, édité par Yves Clarisse