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L'identification de 104 victimes du Rio-Paris va débuter

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PARIS (Reuters) - Les dépouilles de 104 des victimes du vol Rio-Paris sont attendues jeudi en France où débutera un long processus d'identification...

PARIS (Reuters) - Les dépouilles de 104 des victimes du vol Rio-Paris sont attendues jeudi en France où débutera un long processus d'identification plus de deux ans après la catastrophe, toujours inexpliquée.

Les associations des familles de victimes françaises et étrangères, divisées sur l'opportunité de "relever" les corps, ont été reçues mercredi par le secrétaire d'Etat aux Transports, Thierry Mariani, pour être informées des dernières recherches et des modalités de l'identification.

Le navire Ile de Sein, qui a recueilli les corps au large du Brésil, devrait parvenir au port de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) tôt jeudi matin. Le câblier d'Alcatel Lucent achemine également des pièces de l'appareil, un Airbus A330 de la compagnie Air France.

Le registre de la capitainerie faisait encore état mardi d'une arrivée à 06h00 mais cette précision a depuis été retirée. Les autorités portuaires se sont refusées à tout commentaire.

Les opérations de récupération des corps se sont achevées le 3 juin, après la découverte de l'épave de l'appareil. Les 104 corps remontés s'ajoutent aux cinquante retrouvés dans les jours suivant l'accident, qui a fait 228 victimes de 32 nationalités le 1er juin 2009.

Les autres corps reposeront dans l'épave de l'appareil.

La gendarmerie du transport aérien, chargée de l'enquête, estime que l'identification des 104 corps est encore possible en dépit de leur long séjour dans l'Atlantique par 3.900 mètres de fond.

Les pièces de l'Airbus seront transportées à Toulouse, dans un hangar de la Direction générale de l'armement. Les corps devraient être acheminés à l'institut médico-légal de l'hôpital toulousain de Rangueil.

Les autopsies seront menées sous l'égide des deux magistrats instructeurs parisiens Sylvie Zimmermann et Yann Daurelle, chargés de l'enquête sur la catastrophe dans laquelle Air France et Airbus sont mis en examen pour homicides involontaires.

DOSSIERS "ANTE MORTEM" ET "POST MORTEM"

Le colonel François Daoust, chef de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), a expliqué sur Europe 1 que la première phase d'identification consisterait à constituer des dossiers "ante mortem" des victimes en recueillant les informations nécessaires auprès des familles (dossiers médicaux, notamment dentaires, etc.).

Ces dossiers "ante mortem" seront ensuite comparés, par le biais d'un logiciel, aux données "post mortem" recueillies sur les victimes. L'identification sera validée in fine par une commission d'experts, a dit François Daoust.

Un processus similaire avait été mis en oeuvre pour l'identification des 113 victimes (dont quatre au sol) de l'accident du Concorde d'Air France le 25 juillet 2000 à Gonesse (Val-d'Oise), peu après son décollage de l'aéroport de Roissy.

Les familles de victimes sont de nouveau condamnées à attendre. Au Brésil, l'identification des 50 premiers cadavres avait duré deux mois.

Grâce aux boîtes noires repêchées début mai, le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) a pu retracer le film des dernières minutes du vol, mais les causes de la catastrophe ne sont toujours pas élucidées, même si le rôle déclencheur d'une panne des sondes de vitesse Pitot est confirmé.

Le BEA a établi que l'appareil avait décroché alors que les pilotes avaient des informations de vitesse contradictoires et effectué une chute de trois minutes 30 avant de s'abîmer dans l'Atlantique.

Ce scénario a donné lieu à des interprétations contradictoires entre la compagnie aérienne, le fabricant de l'avion et divers experts.

Air France insiste sur le rôle prépondérant de la panne des sondes Pitot, qui a entraîné la déconnexion du pilote automatique et la perte des protections de pilotage associé. Le SNPL, principal syndicat de pilotes, incrimine également les sondes Pitot.

Mais certains pilotes reprochent à la compagnie de ne pas avoir acquis un système baptisé Buss (Back Up Speed Scale) qui aurait permis de récupérer l'avion même en cas de panne des sondes. Des experts proches d'Airbus soulignent, eux, la mauvaise gestion du décrochage par les pilotes.

Sophie Louet, avec Claude Canellas à Bordeaux, édité par Patrick Vignal