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Amérique Latine

L'Année du Mexique en France toujours dans l'impasse

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Paris et Mexico campent sur leurs positions dans l'affaire Florence Cassez au risque de compromettre définitivement les 360 manifestations de l'année du Mexique en France, prévues jusqu'à fin 2011.

Des responsables culturels des deux pays appellent à la fin d'une crise diplomatique qui représente à leurs yeux un gâchis culturel et financier, des dizaines de millions d'euros étant en jeu pour les deux pays.

Le gouvernement de Felipe Calderon a annoncé le 15 février son retrait des festivités pour protester contre la décision de Nicolas Sarkozy de les dédier à la Française, condamnée à 60 ans de prison à Mexico pour complicité de séquestrations.

Mais l'ambassadeur du Mexique en France, Carlos de Icaza, avait indiqué le même jour que son pays était prêt à poursuivre les manifestations si Nicolas Sarkozy revenait sur sa décision de lier les manifestations à Florence Cassez.

"Cette position n'a pas changé", dit-on mercredi du côté mexicain, alors que deux importantes manifestations ont déjà été annulées.

De son côté, Nicolas Sarkozy n'a pas fait le geste espéré par les Mexicains, qui se sont sentis insultés par le président français.

"Le Mexique et c'est son droit a décidé de dire non à l'année du Mexique en France. Nous le regrettons. C'est une décision qui appartient au Mexique et c'est à lui de dire s'il souhaite maintenir ou confirmer l'annulation", a déclaré Jean-David Levitte, conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy.

"LA DÉCISION APPARTIENT AU MEXIQUE"

"Pour ce qui concerne la France, son gouvernement, ses autorités, nous sommes favorables au maintien de l'année du Mexique en France", a-t-il ajouté mercredi lors d'une rencontre avec des journalistes. "La décision appartient au Mexique, le Mexique est un Etat souverain."

Selon Le Monde, daté du 24 février, Mexico a investi 22 millions d'euros pour permettre à ses artistes, créateurs et chefs d'entreprise de participer à l'événement.

L'ancien ministre Xavier Darcos, responsable de l'Institut français, organisme qui a établi la programmation de l'Année du Mexique en France, avance dans le quotidien "qu'en tout, ça représente des dizaines de millions" d'euros.

Plusieurs responsables culturels disent comprendre que les mexicains se soient sentis insultés par la mise en cause de leur système judiciaire par Paris.

François Habel, directeur des Rencontres d'Arles, festival international consacré à la photographie, estime qu'il appartient maintenant à Nicolas Sarkozy de débloquer une situation qu'il a lui-même provoquée.

"Rien ne se décidera sans l'aval de Sarkozy parce que c'est lui qui a provoqué la situation. Donc, c'est lui qui doit donner le feu vert pour la réparer", dit-il à Reuters.

"Ca fait une semaine que je hurle dans tous les sens. C'est monstrueux. Il y a 300 manifestations en France, dont plusieurs mois de travail, qui sont foutus. C'est hallucinant, on n'a jamais connu ca", ajoute-t-il.

Douze expositions photographiques avec le Mexique sont programmées aux rencontres d'Arles, qui doivent débuter le 4 juillet. Mais François Habel dit n'avoir aucune information sur le sort de la manifestation. "Personne ne nous parle".

Une semaine avant son ouverture, l'exposition "Les masques de jade Maya ", organisée à la Pinacothèque de Paris, a été dores et déjà annulée par les autorités mexicaines.

Son directeur, Marc Restillini, a déploré sur la chaîne Public Sénat un "manque à gagner colossal." "400.000 visiteurs attendus à 10 euros pièce, on est autour de 4 millions plus la boutique plus les produits dérivés. Nous en sommes à un ticket de 6 à 7 millions qui n'entre pas dans les caisses de la Pinacothèque", a-t-il dit.

Gérard Bon, Vicky Buffery et Emanuel Jarry, édité par Patrick Vignal