BFMTV
Haïti

Qui sont Michel Briand et Agnès Bordeau, les deux religieux français enlevés en Haïti?

Le prêtre Michel Briand et la sœur Agnès Bordeau font partie de sept religieux catholiques qui ont été enlevés dimanche à Haïti. Ils sont tous les deux originaires de l'Ouest de la France et ont passé de nombreuses années à l'étranger pour aider les populations locales.

Sept religieux catholiques ont été enlevés dimanche à Haïti, a indiqué le père Loudger Mazile, porte-parole de la Conférence des évêques de ce pays des Caraïbes, à l'Agence France-Presse (AFP). Le groupe a été enlevé dans la matinée à la Croix-des-Bouquets, près de la capitale Port-au-Prince, alors qu'il se rendait à la cérémonie d'installation d'un nouveau curé. Les ravisseurs exigent une rançon d'un million d'euros.

Deux Français se trouvent parmi les sept religieux catholiques qui ont été kidnappés: le prêtre Michel Briand et la soeur Agnès Bordeau. Une enquête a été ouverte à Paris lundi pour "enlèvement et séquestration en bande organisée". Elle a été confiée à l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO).

Un prêtre "très investi"

Le prêtre Michel Briand, âgé de 67 ans, est originaire de la commune de Messac dans le département de l'Ille-et-Vilaine. Il est membre de la Société des Prêtres de Saint-Jacques, qui a confirmé lundi son enlèvement dans un communiqué.

Le religieux breton, qui a suivi des études d'architecture aux Beaux-Arts de Rennes, a passé plus de trente ans de sa vie en Haïti, a indiqué son frère Eugène Briand à BFMTV. "Il y a eu tellement d'histoire dans sa vie, tout au long de ces années dans ce pays, qu'il n'y a plus rien de surprenant dans tout ce que l'on voit", a-t-il assuré inquiet, mais pas surpris, sur notre antenne.

En 2009, Michel Briand s'est installé à Saint-Antoine, un bidonville de Port-au-Prince, avec "l'envie de faire des choses avec la population", avait-il indiqué au quotidien Le Télégramme en 2010.

"J’ai contracté le virus de la mission en venant ici comme coopérant. J’ai eu la chance de travailler aux côtés des prêtres de Saint-Jacques. J’étais vraiment en phase avec eux. De plus, j’ai été très touché par le peuple haïtien… Impossible de repartir depuis", expliquait-il au journal.

Six ans plus tard, en 2015, il a été blessé par balles alors qu'il sortait d'une banque. Il était alors rentré en France pour se faire soigner avant de repartir, un an après, en Haïti. Le père André Siohan, qui appartient lui aussi à la Société des Prêtres de Saint-Jacques, l'a ainsi décrit comme "un homme très engagé" au Télégramme. C'est aussi la description qu'en a fait Thierry Beaujouan, le maire sans étiquette de Messac, à BFMTV:

"C'est quelqu'un qui est investi à Haïti. Tous ceux qui ont été le voir, vu le milieu dans lequel il vivait, savent que c'était compliqué et qu'il faisait beaucoup pour les gens là-bas."

Une octogénaire "en bonne santé"

La Sœur Agnès Bordeau, âgée de 80, est quant à elle originaire de la commune de Peuton, dans le département de la Mayenne. Cela fait deux ans qu'elle se trouve en Haïti, pour la congrégation des Sœurs de la Providence de la Pommeraye.

Elle réalisait "une mission de proximité auprès des gens", a expliqué Sœur Jocelyne, également membre de la même congrégation religieuse féminine, à BFMTV. Elle partageait ainsi le quotidien des Haïtiens et était à leur écoute.

Avant Haïti, Agnès Bordeau a passé 25 ans de sa vie en Amérique centrale, rapporte Ouest-France. Elle a notamment aidé à la reconstruction du Honduras, en 1998, quand le pays a été touché par l'ouragan Mitch.

En 2015, elle avait été victime d'une attaque à main armée à Mixco, une banlieue de la capitale du Guatemala, dans la maison qu'elle occupait avec deux sœurs honduriennes. "Je savais qu'ils pouvaient me tuer mais je n'ai pas eu peur", avait-elle raconté au quotidien La Croix en 2010.

"Sœur Agnès Bordeau est une femme de 80 ans qui se porte bien. Si elle a été envoyée en Haïti c'est qu'elle était en bonne santé, comme la vie y est assez rude", a assuré sur notre antenne Sœur Jocelyne.

Les enlèvements contre rançon ont connu une recrudescence ces derniers mois à Port-au-Prince comme en province, témoignant de l'emprise grandissante des gangs armés sur le territoire haïtien.

Clément Boutin Journaliste BFMTV