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Haïti: cinq ans après le séisme, où en est la reconstruction?

25 maisons ont été inaugurées à Port-au-Prince au mois d'avril pour loger les victimes du tremblement de terre.

25 maisons ont été inaugurées à Port-au-Prince au mois d'avril pour loger les victimes du tremblement de terre. - Hector Retamal - AFP

Alors que François Hollande doit se rendre à Port-au-Prince, ce mardi, les chantiers de reconstruction continuent en Haïti, plus de cinq ans après le séisme. La lenteur des travaux fait monter les tensions entre la population locale et les organisations internationales.

Dans certaines rues de Port-au-Prince, des baraques en tôle et en plastiques ont remplacé les boutiques de pierre et de ciment qui se tenaient là avant le séisme du 12 janvier 2010, qui a fait 300.000 morts et détruit la capitale haïtienne. Symbole d’une reconstruction qui avance à pas de fourmi, le président Michel Martelly a inauguré en avril 25 maisons destinées aux victimes du tremblement de terre, alors que 60.000 Haïtiens vivent toujours sous des tentes, selon le Guardian.

En visite sur l'île, François Hollande devrait se rendre dans la ville ce mardi, première visite d’un président français à Haïti depuis un passage éclair de Nicolas Sarkozy, en février 2010, un mois après le séisme. Entre les deux passages, une somme record de 9,5 milliards de dollars (8,5 milliards d’euros) d’aide publique venue des quatre coins du monde a été promise, selon le New York Times.

Comparatif d'une même rue de Port-au-Prince, en décembre 2014 (en haut) et en janvier 2010. Hector Retamal - Paul J. Richards - AFP

Canaan, un quartier de 300.000 survivants du séisme

Mais sur ce budget, seuls 215 millions de dollars auraient été déboursés pour reconstruire des habitations, estime le quotidien américain. Une grande partie du budget (2,2 milliards de dollars) serait allé vers une aide humanitaire d’urgence, en logeant les Haïtiens avec des moyens de fortune.

Résultat: de nombreux habitants vivent toujours dans des conditions beaucoup plus dures qu'en 2010. Un quartier entier, Canaan, au nord de Port-au-Prince, abrite 300.000 personnes qui vivent parfois sans eau courante et sans électricité.

En cause également, une gestion parfois inefficace des fonds alloués à la reconstruction. Une commission, co-présidée par Bill Clinton, devait vérifier la bonne utilisation des fonds. Mais elle a notamment validé la construction d’une zone industrielle dans une région qui n’a pas été touché par le séisme. Pour la mettre en place, 366 fermiers ont même dû être évincés de leurs terres. Le projet a laissé les Haïtiens aussi perplexes qu’en colère, rapporte le New York Times.

Les casques bleus, vecteurs du choléra

Autre cause de tension entre les Haïtiens et les organismes internationaux chargés de leur apporter une aide: l’épidémie de choléra qui a fait 8.800 morts en Haiti depuis 2010. Alors que les hôpitaux ne sont pas encore tous reconstruits, le pays ne parvient pas à mettre un terme à cette épidémie, qui a encore tué 113 personnes entre le 1er janvier et le 28 mars de cette année.

La maladie, qui avait disparue du pays depuis 150 ans, serait venue de casques bleus de l’ONU, arrivés porteurs de la maladie dans le pays. C’est en tout cas ce qu’affirme le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies américain. Mais l’ONU refuse d’assumer toute responsabilité. En janvier, un juge américain a estimé qu’il ne pouvait pas se prononcer sur une plainte déposée contre l’ONU par des Haïtiens, estimant que l’organisation était protégée par son statut.

Joseph Sotinel