BFMTV
Colombie

Colombie: l'armée présente ses excuses pour avoir exécuté des civils

Des membres de l'armée colombienne gardent une route nationale à Arauca, en Colombie, à la frontière avec le Venezuela, le 22 janvier 2022 (photo d'illustration).

Des membres de l'armée colombienne gardent une route nationale à Arauca, en Colombie, à la frontière avec le Venezuela, le 22 janvier 2022 (photo d'illustration). - Juan BARRETO © 2019 AFP

L'armée colombienne a présenté, pour la première fois ce mardi, des excuses à des familles de civils tués par des soldats et présentés à tort comme des guérilleros morts au combat.

Ce mardi, pour la première fois, l'armée colombienne a présenté ses excuses à des familles de civils tués par des soldats et présentés à tort comme des guérilleros morts au combat. Cette pratique, connue sous le nom de "faux positifs", a pour objectif de gonfler les statistiques en matière de lutte contre la guérilla.

Selon la Juridiction spéciale pour la paix (JEP), un tribunal spécial chargé d'enquêter sur les pires crimes commis pendant le conflit colombien, 6402 civils sont morts dans le cadre de cette politique entre 2004 et 2008. Dans certains cas, les civils tués étaient revêtus de tenues de guérilla.

"Nous reconnaissons que des membres de l'armée ont commis des actes épouvantables qui n'auraient jamais dû se produire", a déclaré le patron de l'armée, le général Luis Ospina, lors d'une cérémonie à Bogota.

Les assassins et leurs complices ont "souillé la légitimité" de l'institution, a-t-il ajouté.

Des exécutions en échange d'avantages

Cette pratique est l'un des plus grands scandales impliquant l'armée colombienne durant sa confrontation avec les guérillas d'extrême gauche.

"Nous présentons nos excuses les plus sincères et nous demandons pardon", a-t-il déclaré aux proches des victimes.

La majorité des femmes présentes à la cérémonie ont demandé à connaître la vérité sur l'identité de ceux qui ont donné l'ordre de tuer ces civils en échange d'avantages tels que des jours de congé et des décorations entre 2004 et 2008.

Pression de la part des supérieurs

Selon des associations de victimes, des membres de l'armée ont abusé de la confiance de jeunes hommes en leur promettant des emplois, avant de les abattre. Des commandants de l'armée ont nié que de tels faits puissent avoir été systématiques, affirmant que cela relevait de l'imagination d'organisations de gauche visant à porter atteinte aux forces de l'ordre.

Certains militaires ont affirmé à la JEP avoir subi des pressions de la part de leurs supérieurs et notamment de Mario Montoya, un général à la retraite et ancien chef d'état-major de l'armée de terre, très proche de l'ancien président de droite Alvaro Uribe.

Il a été inculpé fin août par la JEP de crimes contre l'humanité pour sa responsabilité dans le meurtre et la disparition de 130 civils présentés à tort comme des guérilleros morts au combat.

O.E. avec AFP