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Brésil

Populisme, accusations de fraude, insurrections... Du Capitole à Brasilia, Bolsonaro dans les pas de Trump

Les symboles de la démocratie brésilienne ont été pris d'assaut ce dimanche par des partisans bolsonaristes, une semaine à peine après l'investiture de Lula. Des images qui rappellent vivement l'assaut du Capitole, il y a deux ans presque jour pour jour. D'autant qu'entre Jair Bolsonaro et Donald Trump, les points communs sont nombreux.

Le 6 janvier 2021, une foule de partisans pro-Trump envahissait le Capitole, symbole du pouvoir, faisant plusieurs morts et entachant durablement l'image de la démocratie américaine. Presque deux ans après jour pour jour, ce dimanche, une marée humaine jaune et verte pro-Bolsonaro a pris le contrôle, pendant plusieurs heures, du palais présidentiel, du Congrès et de la Cour suprême à Brasilia, la capitale brésilienne.

Les événements, qualifiés de "sans précédent dans l'histoire du Brésil" par le nouveau président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, interviennent une semaine seulement après sa prise de fonction. Dénonçant l'oeuvre de "vandales, fascistes fanatiques", Lula a promis que les coupables seraient "tous punis". Plus de 300 personnes, selon le ministre de la Justice et de la Sécurité Flavio Dino, ont déjà été interpellées.

Bolsonaro nie toute responsabilité

À 6000 kilomètres de là, depuis la Floride, Jair Bolsonaro s'est fendu d'une série de tweets, condamnant, sans fermeté, les actes de ses partisans.

"Les manifestations pacifistes, dans le cadre de la loi, font partie de la démocratie. Cependant, les dégradations et les invasions de bâtimens publics, telles qu'elles se sont produites aujourd'hui, ainsi que celles pratiquées en 2013 et 2017 par la gauche, dérogent à la règle", a écrit l'ex-président brésilien, assurant avoir "toujours respecté la Constitution" lors de son mandat.

Plus tôt dans la journée, Lula avait accusé son prédécesseur d'avoir encouragé les violences, par ses "discours". "C'est aussi sa responsabilité et celle des partis qui l'ont soutenu", a estimé l'homme de gauche. Des "accusations" "sans preuves", avait rapidement balayé Jair Bolsonaro.

Le "Trump des Tropiques"

Si la justice doit désormais se pencher sur les failles sécuritaires qui ont permis ces saccages et en déterminer les responsables, les similarités entre ce qu'il s'est passé à Brasilia et à Washington, deux ans plus tôt, se multiplient. Elles tiennent, en premier lieu, aux personnalités des deux présidents soutenus par les émeutiers du Capitole et ceux de Brasilia. Au cours de son mandat, Jair Bolsonaro, président d'extrême droite, a souvent été nommé le "Trump des Tropiques". Les deux hommes ne cachaient pas leurs bonnes relations, et leurs mandats ont tous deux été marqués par des propos sexistes, racistes et homophobes.

Marchant dans les pas de son ami américain, pendant la campagne présidentielle, Jair Bolsonaro et son camp ont crié à la fraude électorale, remettant notamment en cause la fiabilité du vote électronique. Comme Donald Trump, qui n'a jamais reconnu la victoire de Joe Biden, le Brésilien a gardé le silence pendant 40 jours après sa défaite, ne s'exprimant que pour autoriser, du bout des lèvres, la transition avec son successeur. L'ancien chef d'État a par ailleurs également boycotté son investiture, se refusant à remettre l'écharpe présidentielle à Lula, qui l'a défait d'une courte tête à la présidentielle d'octobre.

Des liens étroits entre bolsonaristes et trumpistes

Lors des assauts du Capitole et ceux de Brasilia, ce sont les symboles de pouvoir qui ont été attaqués. Les images des pro-Bolsonaro s'amusant dans la salle du Sénat fédéral, chambre haute du Congrès brésilien, font naturelelment écho à celles des émeutiers du Capitole. Un manifestant s'est assis sur le siège du président du Sénat, un mimétisme saisissant avec les partisans de Donald Trump.

Les assauts de Brasilia, qui marqueront sans doute la politique brésilienne pendant des années, résonnent particulièrement chez les trumpistes. Comme le détaille Le Monde, Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, avait encouragé Jair Bolsonaro à ne pas reconnaître les résultats des élections dès novembre. Signe des liens étroits entre Jair Bolsonaro et son ami américain, Eduardo Bolsonaro, fils de l'ancien président brésilien, avait été accueilli par Donald Trump dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, peu après la défaite de son père.

En janvier 2021, rappellent nos confrères, Jair Bolsonaro avait refusé de condamner l'assaut du Capitole, pointant le "manque de confiance" dans les élections qui a "conduit à ce qu'il se passe". Au Brésil, "la fraude existe" aussi, et, avait-il mis en garde, il pourrait s'y "passer la même chose".

Fanny Rocher