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Brésil

Présidentielle au Brésil: face à Bolsonaro, Lula veut gagner pour "la démocratie"

Les bureaux de vote ont ouvert ce dimanche au Brésil pour l'élection présidentielle. Le second tour oppose le président sortant Jair Bolsonaro et l'ex-chef d'Etat Luiz Inacio Lula da Silva.

Le président sortant Jair Bolsonaro, se disant sûr de sa victoire, a été parmi les premiers des 152 millions d'électeurs à voter dimanche pour la présidentielle au Brésil, qui l'oppose dans un duel très serré à l'ex-chef d'Etat de gauche Lula.

"Si Dieu le veut on va gagner ce soir", a déclaré Jair Bolsonaro après avoir voté peu après l'ouverture des bureaux à 8H (11H GMT) à Rio de Janeiro, pour ce second tour dont Lula est le favori.

"Ou mieux encore, le Brésil sera victorieux ce soir", a ajouté le président d'extrême droite, souriant et vêtu d'un t-shirt jaune et vert aux couleurs du drapeau du Brésil affectionné par les bolsonaristes.

Lula, favori de la présidentielle, a voté dans la matinée près de Sao Paulo, en exprimant sa "confiance (..) dans une victoire de la démocratie".

Luiz Inacio Lula da Silva a souhaité que ce scrutin dans lequel il affronte le président sortant d'extrême droite Jair Bolsonaro permettra "de restaurer la paix entre les Brésiliens", à l'issue d'une campagne ultra-polarisée.

Un climat brutal

La campagne entre les deux hommes que tout oppose s'est déroulée dans un climat brutal et ultra-polarisé qui les a vus s'insulter copieusement pendant que les réseaux sociaux charriaient des torrents de désinformation.

L'un des premiers électeurs à voter à Copacabana, quartier touristique de Rio, Marcio Britto, un chômeur de 52 ans, espère que cette élection "permettra d'améliorer un peu la situation du peuple brésilien", surtout "la santé, l'éducation et la sécurité".

À Sao Paulo, Marcelo Silveira Curi, un psychologue de 35 ans, s'apprête à voter pour Lula. "Lula n'est pas le candidat idéal mais c'est celui qui s'oppose au gouvernement", dit-il, évoquant "beaucoup de reculs sur le plan économique et social" sous Bolsonaro.

Si les sondages prédisent depuis des mois un 3e mandat de quatre ans à l'ex-chef d'Etat de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), le président sortant d'extrême droite Jair Bolsonaro, 67 ans, peut encore y croire après son score inattendu du 1er tour du 2 octobre: 43% contre 48% à Lula.

Bolsonaro, auquel les sondages avaient donné une douzaine de points de retard, a bénéficié d'une dynamique dans l'entre-deux tours, quand la gauche semblait, elle, un peu sonnée.

Publié samedi soir, l'ultime sondage Datafolha peut donner des raisons supplémentaires d'espérer à Bolsonaro: l'écart se resserre, avec une victoire de Lula à 52%/48%. La marge d'erreur est de +/- 2 points et les enquêtes d'opinion se sont déjà trompées.

Par ailleurs, Bolsonaro acceptera-t-il le résultat dimanche soir si Lula est élu? Après avoir mis en sourdine ses attaques incessantes contre le système "frauduleux" des urnes électroniques, il a récemment dénoncé des irrégularités présumées dans la diffusion des spots radio de sa campagne. Vendredi, il a affirmé que "celui qui a le plus de voix gagne" - sans convaincre.

"Bolsonaro va remettre en question le résultat", estime Rogerio Dultra dos Santos, de l'Université fédérale de Fluminense.

Une campagne agitée

La campagne a été mouvementée. Bolsonaro a insulté Lula: "voleur", "ex-prisonnier", "alcoolique" ou "honte nationale". Ce dernier a rendu les coups: "pédophile", "cannibale", "génocidaire" ou "petit dictateur". S'accusant mutuellement de mentir, Bolsonaro et, dans une moindre mesure Lula, ont alimenté la machine à désinformation, qui a fonctionné comme jamais au Brésil.

Lula veut protéger la démocratie et rendre "Le Brésil heureux" de nouveau, après deux mandats où il a extrait près de 30 millions de Brésiliens de la pauvreté mais où l'économie était florissante.

Le populiste Bolsonaro veut défendre "le bien contre le mal", la famille, Dieu, la patrie et la liberté individuelle. Malgré un mandat émaillé de crises graves dont celle du Covid, il conserve un socle de partisans irréductibles et a su imposer sa ligne politique face à une gauche peu audible et à une droite traditionnelle qui a sombré.

Une forte abstention

S'il est élu, Lula, figure-clé de la politique brésilienne depuis quatre décennies, fera un retour spectaculaire après avoir connu la disgrâce de la prison (2018-2019) puis l'annulation de ses condamnations pour corruption. Il est le favori des femmes, des pauvres, des catholiques et du Nord-est rural. Mais les hommes, les classes aisées, les pro-armes, les milieux d'affaires et les évangéliques votent majoritairement Bolsonaro.

L'enjeu majeur de l'entre-deux tours a été la chasse aux 32 millions d'abstentionnistes du 1er tour (21%). A titre de comparaison, Lula a obtenu six millions de voix d'avance le 2 octobre.

Le prochain locataire du Palais du Planalto à Brasilia devra composer avec un Parlement encore plus à droite qu'avant les législatives du 2 octobre: le Parti libéral (PL) de Bolsonaro est représenté en force. Les bureaux de vote doivent fermer à 17h et le résultat être annoncé avant 20h (minuit heure française).

S.C avec AFP