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Brésil: qui est Michel Temer, potentiel successeur de Dilma Rousseff?

Le vice-président du Brésil, Michel Temer, en novembre 2015.

Le vice-président du Brésil, Michel Temer, en novembre 2015. - Evaristo Sa - AFP

Au Brésil, la présidente Dilma Rousseff, accusée de maquillage des comptes publics, est plus que jamais fragilisée, après le vote des députés qui ont réclamé à l'immense majorité sa destitution, dimanche. Si le Sénat doit encore s'exprimer, la question de sa succession est déjà sur toutes les lèvres, et le vice-président centriste Michel Temer, devenu le rival de Rousseff, est le mieux placé pour l'obtenir.

Il pourrait être le futur homme fort du Brésil. Alors que la présidente brésilienne Dilma Rousseff est en grandes difficultés après le vote des députés, qui ont ouvert la voie à sa destitution, dimanche, au terme d'un vote historique, la question de son remplacement est désormais plus que jamais d'actualité. Si le Sénat doit encore se prononcer sur la question, un nom émerge déjà tout naturellement, pour prendre la succession de Dilma Rousseff: celui du vice-président, Michel Temer, devenu son rival.

En rupture avec Dilma Rousseff

Homme d'appareil discret, le vice-président brésilien Michel Temer s'est lassé, à 75 ans, de jouer les seconds rôles. Il brigue désormais ouvertement le fauteuil présidentiel de Dilma Rousseff. Gaffe ou geste délibéré, Michel Temer a fait fuiter, lundi dernier, l'enregistrement d'un discours rassembleur "au peuple brésilien", préparé pour le jour où il s'installerait au palais présidentiel. "Les masques tombent", "trahison", a réagi Dilma Rousseff, désignant sa doublure institutionnelle comme "le chef de la conspiration". 

Dirigeant depuis 15 ans le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), arbitre centriste de toutes les majorités de gouvernement depuis 1994, il a accumulé des rancoeurs en cinq ans de cohabitation avec la dirigeante de gauche. En décembre, il avait déjà fait sensation en étalant son amertume dans une "lettre personnelle" à Dilma Rousseff, au moment même où l'opposition lançait contre elle une procédure de destitution au Parlement.

Il lui reprochait de l'avoir toujours méprisé et traité en "vice-président décoratif", disant qu'il ne lèverait plus le petit doigt pour elle et se consacrerait exclusivement à maintenir l'unité de son parti divisé. Retranché depuis dans sa résidence de Brasilia, il a observé en silence l'embrasement de la crise politique brésilienne au mois de mars et l'affaiblissement inexorable de la chef de l'Etat.

Dilma Roussef et le vice-président Michel Temer, en décembre 2015.
Dilma Roussef et le vice-président Michel Temer, en décembre 2015. © Evaristo Sa - AFP

Propulsé sous les projecteurs

Michel Temer a vu sonner son heure et est passé de l'ombre à la lumière ces dernières semaines. Il a orchestré en personne le débarquement de son parti du gouvernement fin mars, un coup de massue pour sa désormais rivale. Pour ce politicien largement méconnu des Brésiliens, qui a présidé trois fois la chambre des députés brésilienne, le rendez-vous peut donc se produire maintenant, ou jamais. Car s'il devait briguer le pouvoir lors d'une élection présidentielle, il n'obtiendrait qu'entre 1 à 2% des suffrages, selon les derniers sondages.

Reçu par ses partisans aux cris de "Temer président!", il y a quelques mois, il a répondu, gêné: "Pour l'instant, non merci. Nous allons attendre 2018". Mais Michel Temer, a su se mettre en avant par petites touches. Deux mois avant sa lettre de divorce à Dilma Rousseff, il avait publié une ébauche de programme intitulé "Un pont vers l'avenir". Il y critiquait les "excès" de la politique économique dépensière du Parti des travailleurs, le parti de celle qui est désormais sa grande rivale.

Cité dans le scandale Petrobras

Alors que le Brésil connaît une récession historique, Michel Temer propose des solutions nettement libérales: rigueur budgétaire, réforme fiscale, coup de frein aux programmes sociaux pour les plus démunis. 

Mais il n'est pas à l'abri du scandale de corruption Petrobras qui mine le gouvernement de Dilma Rousseff. Son nom a déjà été cité à plusieurs reprises par des personnes inculpées, même si la justice n'a pas pour le moment jugé ces indices suffisants pour lancer des poursuites contre lui.

Il pourrait aussi voir son mandat cassé, en même temps que celui de Dilma Rousseff, par le Tribunal supérieur électoral (TSE). La justice électorale devra dire d'ici 2017 si leur campagne électorale n'a pas été en partie financée par de l'argent détournée du géant étatique pétrolier Petrobras.

Adrienne Sigel, avec AFP