Brésil: pourquoi la crevette est devenue le symbole de la fronde anti-Bolsonaro
Deux jours après la sortie de l'hôpital du président brésilien Jair Bolsonaro, hospitalisé pour une nouvelle occlusion intestinale, des images de crevettes accompagnées de slogans antifascistes se multiplient sur les réseaux sociaux.
Et pour cause, le crustacé semble être en passe de devenir le symbole de la fronde anti-Bolsonaro dans le pays depuis que le chirurgien du président a expliqué au journal O Globo la raison de ses derniers problèmes intestinaux. C'est "une crevette avalée sans être mâchée" dimanche qui est à l'origine du séjour à l'hôpital du président.
"Depuis, la crevette a été érigée en héros national et symbole de l'antifascisme, et fleurit un nombre infini de blagues, de logos et divers visuels détournés" a expliqué Barbara Serrano, maître de conférence associée à l’Université Paris-Saclay, sur Twitter.
"Sois une crevette, sois un héros"
Des symboles antifascistes et communistes ont ainsi été détournés avec une crevette, à l'image du journal parodique Sensacionalista qui a repris une célèbre affiche datée des années 1970 en remplaçant le slogan "Soit un marginal, sois un héros", par "Sois une crevette, soit un héros", a décrit Barbara Serrano.
Certains Brésiliens parlent même du 5 janvier, date à laquelle le chirurgien de Jair Bolsonaro s'est exprimé, comme du "Jour national de la Crevette antifasciste".
De nombreux séjours à l'hôpital
Depuis l'attentat à l'arme blanche dont il a été victime pendant la campagne présidentielle de septembre 2018, le président brésilien a effectué plusieurs séjours à l'hôpital et a subi quatre opérations de l'intestin.
A neuf mois de la prochaine élection présidentielle, les sondages donnent l'adversaire principal de Jair Bolsonaro, l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, vainqueur. Alors que le nom du candidat de gauche signifie "poulpe" en portugais, Sensacionalista s'est encore amusé du nouveau symbole de la fronde anti-Bolsonaro. "Si une crevette a causé l'hospitalisation de Bolsonaro, imagine un poulpe", a-t-il écrit.
De nombreux Brésiliens reprochent à l'actuel président son déni face à l'épidémie de Covid-19, virus qu'il a qualifié de "grippette". Jair Bolonaro est également la cible de plusieurs enquêtes pour fausses informations et de plus de 140 demandes de destitution.