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Brésil: le bilan de la rupture d'un barrage porté à 34 morts

Vue aérienne du site de l'entreprise minière Vale, près de la ville de Brumadinho au Brésil, après l'effondrement d'un barrage le 25 janvier 2019.

Vue aérienne du site de l'entreprise minière Vale, près de la ville de Brumadinho au Brésil, après l'effondrement d'un barrage le 25 janvier 2019. - Douglas Magno - AFP

Le nombre de victimes pourrait considérablement s'aggraver dans les jours à venir, 300 personnes étant portées disparues selon les autorités.

Les autorités brésiliennes ont fait état samedi d'un bilan provisoire de 34 morts après la coulée de boue provoquée par la rupture la veille d'un barrage du géant minier Vale dans le sud-est du pays, mais les espoirs de retrouver les près de 300 disparus étaient minces, la pluie rendant en outre les recherches encore plus difficiles.

Les intempéries n'empêchaient pas le ballet funèbre des hélicoptères, qui tournoyaient sans relâche dans le ciel à la recherche de survivants, mais étaient le plus souvent amenés à hisser des corps inanimés. Près de Brumadinho, dans l'Etat de Minas Gerais, sur plus de 150 mètres de large s'étend un fleuve noirâtre de boue, qui par endroit dévale la pente comme le font les rapides. Des habitants indiquent les endroits où se trouvaient des maisons.

La catastrophe a fait au moins 34 morts, selon le nouveau bilan des pompiers, qui faisaient état précédemment de 11 morts et 296 disparus, dont les autorités redoutent que peu soient retrouvés vivants. Dans la matinée, alors que le bilan était de 345 disparus, 46 personnes avaient été retrouvées vivantes, dont 23 blessées.

270 personnes retrouvées en vie

Les autorités locales ont précisé que 270 personnes qui se trouvaient sur le site de Vale avaient été retrouvées en vie. La rupture de ce barrage du complexe minier de Córrego do Feijão, qui en compte trois au total, a eu lieu vendredi en début d'après-midi à Brumadinho, ville de 39.000 habitants située à 60 km au sud-ouest de Belo Horizonte, capitale du Minas Gerais.

Une véritable marée de boue de couleur marron aux reflets grisâtres recouvrait d'immenses surfaces de végétation, et de nombreuses maisons ont été détruites, a constaté un photographe de l'AFP qui a survolé la zone.

"La plupart des personnes touchées sont nos employés", a affirmé le PDG de Vale, Fabio Schvartsman, lors d'une conférence de presse. "Nous ne connaissons pas encore le nombre des victimes, mais nous savons qu'il sera élevé", a-t-il ajouté. Il a précisé que la cantine avait été engloutie par la coulée de boue à l'heure du déjeuner.

"La tragédie environnementale devrait être moindre que celle de 2015, mais la tragédie humaine bien plus importante", a conclu le dirigeant, dont l'entreprise était également impliquée dans le drame d'il y a trois ans et deux mois.

Les actions de Vale ont chuté de plus de 8% à la clôture de la Bourse de New York, après avoir plongé dans un premier temps de plus de 11% à l'annonce de cette nouvelle tragédie. Le site d'informations G1 a affirmé que la Justice du Minas Gerais avait ordonné de bloquer des comptes bancaires totalisant un milliard de reals (233 millions d'euros) en prévision de l'indemnisation des victimes.

À Brumadinho, de nombreux proches de salariés de la mine attendaient des nouvelles avec anxiété et ne cachaient pas leur révolte face au peu d'informations obtenues auprès des autorités.

"Ils ne veulent rien dire! Ce sont nos fils, nos maris, et personne ne dit rien. Mon neveu de cinq ans m'a demandé si son père était mort. Qu'est-ce que je vais lui dire?", a déclaré à l'AFP Olivia Rios.

Selon le gouvernement du Minas Gerais, une centaine de pompiers a été mobilisée et plusieurs dizaines hélicoptères ont été utilisés pour les secours. L'un deux apparaît dans une vidéo hissant une femme semblant blessée, tandis que deux personnes étaient enlisées dans la boue jusqu'à la taille.

Bolsonaro devrait se rendre sur la place dans la journée

Le président Jair Bolsonaro a affirmé qu'il se rendrait au Minas Gerais samedi pour survoler la zone du désastre dans la matinée. "Nous allons constater les dégâts pour prendre toutes les mesures nécessaires pour atténuer la souffrance des familles de possibles victimes, ainsi que les problèmes environnementaux", a affirmé le chef de l'État lors d'un point presse depuis Brasilia.

À une quinzaine de kilomètres du barrage, le site d'Inhotim, plus grand musée à ciel ouvert du monde avec sa collection d'art contemporain, a été évacué "par précaution". Ce haut lieu du tourisme brésilien accueille environ 35.000 visiteurs par mois.

En novembre 2015, la rupture du barrage de Samarco, une copropriété de Vale et du groupe anglo-australien BHP, avait fait 19 morts et provoqué un drame écologique sans précédent au Brésil, près de Mariana, à environ 150 km de Belo Horizonte.

"C'est incroyable que trois ans et deux mois après Mariana, un autre accident avec les mêmes caractéristiques ait lieu dans la même région", s'est insurgé Greenpeace dans un communiqué.

À l'époque, des centaines de kilomètres carrés avaient été submergés par un tsunami de boue, qui avait traversé deux États brésiliens et s'était répandu sur 650 kilomètres jusqu'à l'océan Atlantique à travers le lit du fleuve Rio Doce, l'un des plus importants du Brésil.

Avec AFP