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Brésil

À l'approche des JO, Rio nettoie son image sur Google

Une favela de Rio de Janeiro.

Une favela de Rio de Janeiro. - -

À trois ans des Jeux Olympiques qu'elle doit accueillir, la ville de Rio de Janeiro multiplie les opérations de nettoyage pour se débarrasser de son image de cité ultra-violente et dangereuse. Dernier exemple en date: la suppression du qualificatif "favela" sur Google Maps.

En vue de la Coupe du monde de Football 2014 et des Jeux Olympiques de 2016, Rio compte bien redorer son image. En première ligne de ce grand nettoyage: les favelas.

Parallèlement aux opérations policières de grande envergure pour sécuriser les rues, la ville s'attèle à sa réputation en ligne et a tout simplement demandé à Google de supprimer l'appellation "favela".

"Colline"

Selon le Telegraph, cité par Slate, le maire de Rio, Eduardo Paes, ainsi que l'office de tourisme de la ville, Riotur, ont directement fait pression auprès de Google pour que le moteur de recherche supprime le qualificatif "favela" sur ses cartes géographiques de Rio.

La municipalité aurait réussi à convaincre la firme américaine en déplorant l'importance donnée à ces bidonvilles, mieux mis en valeur sur les cartes numériques que certains quartiers plus aisés. Et ce alors qu'ils n'abriteraient qu'une part infime de la population carioca, affirment les services municipaux.

Pourtant, sur les plus de 6 millions d'habitants intra-muros que compte Rio, près de 20% vivraient dans les favelas, au nombre de 968 dans la ville.

Le mot "colline" ("colina", en portugais) s'est donc substitué au terme "favela". Le changement est symbolique mais lourd de sens. La ville opère ainsi un véritable gommage virtuel de ces quartiers et de leur identité. L'initiative est d'ailleurs contestée par certaines associations, qui dénoncent une pratique visant à "masquer la pauvreté".

Descentes

La démarche s'inscrit dans une politique plus large de sécurisation et de pacification de la "cidade maravilhosa" (la "ville merveilleuse, le surnom de Rio) débutée en 2008, en vue de l'afflux massif de touristes en 2016. Là encore, les nombreux bidonvilles, gangrénés par la violence et le trafic de drogue, se retrouvent au premier plan, alors même qu'ils ont été longtemps délaissés par les pouvoirs publics.

D'impressionnantes descentes de police ont ainsi été orchestrées pour arrêter les narco-trafiquants et leur reprendre le contrôle de ces quartiers. Le 3 mars dernier, plusieurs centaines de policiers, épaulés par des blindés, ont investi à l'aube les favelas de Caju et Barreira do Vasco, avant d'y installer des unités pacificatrices de la police (UPP), chargées d'assurer la sécurité sur la durée et de maintenir le dialogue avec les populations.

Avec cette méthode, les autorités ont repris la main sur une trentaine de quartiers de Rio depuis 2008. Parallèlement, les chiffres de la criminalité ont commencé à baisser de façon encourageante: le nombre d'homicides a été divisé par trois ces trois dernières années.