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Amérique Latine

Brésil : Phillips et Pereira, tués en Amazonie pour une photo, selon le parquet

Pancarte avec les visages de Bruno Pereira et Dom Phillips, lors du manifestation après leur assassinat, le 26 juin 2022 à Rio de Janeiro

Pancarte avec les visages de Bruno Pereira et Dom Phillips, lors du manifestation après leur assassinat, le 26 juin 2022 à Rio de Janeiro - LUCIOLA VILLELA / AFP

"Ce qui a motivé les meurtres, c'est le fait que Bruno a demandé à Dom de photographier le bateau des accusés" a expliqué le parquet.

L'assassinat en juin en Amazonie du journaliste britannique Dom Phillips et de l'expert en peuples indigènes Bruno Pereira a été motivé par une photo. Ce dernier avait demandé de prendre un cliché de l'embarcation des meurtriers, a annoncé vendredi le ministère public au Brésil.

"Ce qui a motivé les meurtres, c'est le fait que Bruno a demandé à Dom de photographier le bateau des accusés, ce qui a été évalué par le MPF (ministère public fédéral) comme un mobile futile et peut aggraver la peine", a expliqué le parquet dans un communiqué.

Un trio accusé de double meurtre

Le parquet a fait cette mise au point dans le cadre d'une plainte déposée jeudi contre les deux suspects ayant avoué le meurtre, Amarildo da Costa de Oliveira et Jefferson da Silva Lima, et contre Oseney da Costa de Oliveira, un frère du premier et soupçonné d'avoir participé au crime.

Le trio a été accusé du double meurtre et de dissimulation de cadavres devant un tribunal de Tabatinga, dans l'État brésilien d'Amazonas, à la frontière avec le Pérou et la Colombie.

"Bruno a été tué de trois balles, dont une dans le dos, sans aucune possibilité de défense, ce qui qualifie également le crime. Dom a été tué simplement parce qu'il était avec Bruno, afin de s'assurer l'impunité pour le crime précédent", a déclaré le MPF.

La police avait privilégié en tant que principale hypothèse la pêche illégale dans un territoire protégé, une activité que Bruno Pereira combattait, ce qui aurait pu motiver l'assassinat. Selon le ministère public, il y avait des contentieux entre Bruno Pereira et Amarildo da Costa de Oliveira, connu sous le nom de Pelado, car ce dernier était lié à cette pratique illégale en territoire indigène.

Un livre en préparation sur les préservation de l'environnement

Dom Phillips, 57 ans, un collaborateur de longue date du journal The Guardian, et Bruno Pereira, 41 ans, un expert reconnu des peuples indigènes, se trouvaient en Amazonie dans le cadre de la préparation d'un livre sur la préservation de l'environnement. Ils ont été tués par balle le 5 juin en rentrant d'une expédition dans la Vallée de Javari, une zone isolée de l'État d'Amazonas gangrénée par de nombreux trafics.

Responsable pendant des années du programme de soutien aux tribus isolées de la Funai, l'agence gouvernementale brésilienne pour les affaires indigènes, Bruno Pereira travaillait à un projet pour aider les indigènes à dénoncer les invasions de leurs terres. Il avait reçu des menaces de mort pour son action.

S. V. avec AFP