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Amérique Latine

Argentine: pourquoi le président élu ultralibéral Javier Milei utilise la tronçonneuse comme emblème

Vainqueur de l'élection présidentielle en Argentine, le candidat ultralibéral Javier Milei a fait régulièrement fait usage d'une tronçonneuse en public, au point d'en faire son emblème. Une manière de symboliser sa volonté de réaliser d'importantes coupes budgétaires

Habituellement, la tronçonneuse est un objet rare lors des campagnes électorales. Mais Javier Milei, le candidat ultralibéral élu dimanche président de l'Argentine, en a fait son emblème afin d'illustrer son projet de couper "à la tronçonneuse" dans les dépenses publiques afin de mettre fin à "cette aberration appelée justice sociale, synonyme de déficit budgétaire".

Au cours de sa campagne, cet ancien économiste médiatique s'est illustré par un discours de rejet de l'État providence et de l'interventionnisme de la puissance publique dans les questions économiques et sociales.

Son "traitement de choc" pour équilibrer les comptes vise à réduire les dépenses de l'État de 15% et prévoit des privatisations, afin de parvenir à la discipline budgétaire demandée par le Fonds monétaire international (FMI). L'Argentine s'éreinte en effet à rembourser un prêt de 44 milliards de dollars octroyé en 2018.

Pour joindre le geste la parole, le candidat a régulièrement actionné des tronçonneuses devant des foules exaltées.

Le soir de son élection, il a promis de "remettre en ordre les comptes budgétaires" dans un pays surendetté, à l'inflation galopante (143% sur un an) et où 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

"Il n'y a pas de place pour la tiédeur ou les demi-mesures", a-t-il prévenu, annonçant qu'il comptait "dynamiter" la Banque centrale pour "régler les problèmes" de l'institution. Javier Milei prône à ce titre l'adoption du dollar américain en remplacement du peso argentin.

"La caste a peur"

Au fil de ses utilisations, la tronçonneuse a également pris des accents d'arme "anti-caste", c’est-à-dire "anti-système", dans un pays dirigé depuis 20 ans par les péronistes (partisans revendiqués de la justice sociale et de la souveraineté de l'Argentine) et les libéraux.

L'opposant de Javier Milei, Sergio Massa, ministre centriste de l'Économie depuis, était lui-même issu de l'alliance de ces deux familles politiques et promettait un gouvernement "d'union nationale".

"La caste tiene miedo" (La caste a peur !) et "Viva la libertad, carajo!" (Vive la liberté bordel!) sont deux des slogans fétiches du candidat Javier Milei qui résonnaient à l'extérieur de son QG de campagne parmi la foule au soir de son élection.

"Milei a fait campagne en promettant des résultats rapides. On voit tous que ce n'est pas possible, mais c'est l'idée qui a pénétré son électorat: le changement rapide, la tronçonneuse. Aussi je crois qu'il n'y aura guère de temps pour une lune de miel", analyse pour l'AFP Lara Goyburu, politologue de l'Université de Buenos Aires.

Le président élu doit prendre ses fonctions le 10 décembre après avoir réuni 55% des suffrages à l'issue du second tour du scrutin présidentiel. Il est élu pour un mandat de quatre ans.

Glenn Gillet