Allemagne: lassé de voir son selfie avec Merkel détourné, un réfugié attaque Facebook
Le 10 septembre 2015, Anas Modamani, un migrant syrien arrivé en Allemagne peu de temps auparavant, voit Angela Merkel débarquer dans le centre d’hébergement de réfugiés à Berlin. Alors âgé de 18 ans, le jeune homme, qui a quitté son pays et sa ville de Daraya, traversé la Turquie, la Grèce, la Macédoine, profite de l’occasion pour prendre un selfie avec la Chancelière. Il ne se doute pas que le cliché immortalisant cette rencontre pris au même moment par le photographe d’une agence de presse va faire de lui la cible d’informations bidons et de montages scabreux fomentés par des activistes d’extrême-droite et diffusés sur les réseaux sociaux. Excédé d’être sans cesse associé à des attentats sur la base d’un selfie détourné, il a décidé d’attaquer Facebook, rapporte le journal britannique The Independent qui fait le compte des rumeurs qui ont jeté l’opprobre sur Anas Modamani ces derniers mois.
Détournements en série
Il y a quelques mois, des internautes d’extrême-droite prétendent que l’homme qui pose aux côtés de la cheffe de gouvernement est l’un des terroristes ayant ensanglanté Bruxelles. L’une de ces publications assène: "On récolte ce que l’on sème". Fin décembre, on l’accuse d’être le conducteur du camion qui a décimé la foule déambulant aux abords du marché de Noël berlinois. Enfin, on lui attribue une participation dans l’agression d’un sans-domicile fixe auquel des migrants ont mis le feu dans les derniers jours de l’année.
Tout est faux, et Anas Modamani, qui étudie l’allemand et travaille, a décidé de lutter contre l’impunité de ses détracteurs en portant plainte contre Facebook où ces images et montages sont postées, restant bien souvent en ligne: "Je suis venu en Allemagne pour vivre en paix. Et je ne veux pas qu'on continue d’utiliser ma photo sur Facebook. Je veux vivre en paix et sans problème", explique-t-il au site britannique. Car ces détournements mettent l’intégrité physique du réfugié en danger.
L'affaire examinée le 6 février
Son avocat, maître Chan-Jo Jun reproche ainsi à la plateforme de ne pas supprimer systématiquement les contenus diffamatoires ou racistes mettant en scène son client et, qui, par ailleurs, violent la loi allemande. L’avocat réclame "un changement" de la politique de Facebook sous peine d’ "apprendre ce qu’il en coûte de violer sans cesse la loi". Un porte-parole de l’entreprise affirme que l’une des publications fautives, en tout cas, a été retirée du site.
La position ne satisfait pas les plaignants. L’affaire sera examinée le 6 février.