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Allaoui se dit ouvert à toutes les options de coalitions en Irak

Partisans du bloc laïque Irakia du l'ex-Premier ministre irakien Iyad Allaoui dans les rues de Kerbala. Selon des résultats officiels des législatives non encore définitifs, Irakia obtient 91 sièges des 335 sièges à pourvoir, contre 89 pour la coalition d

Partisans du bloc laïque Irakia du l'ex-Premier ministre irakien Iyad Allaoui dans les rues de Kerbala. Selon des résultats officiels des législatives non encore définitifs, Irakia obtient 91 sièges des 335 sièges à pourvoir, contre 89 pour la coalition d - -

par Rania el Gamal et Mouhanad Mohamed BAGDAD - L'ex-Premier ministre irakien Iyad Allaoui, dont le bloc laïque Irakia devance d'un cheveu la...

par Rania el Gamal et Mouhanad Mohamed

BAGDAD (Reuters) - L'ex-Premier ministre irakien Iyad Allaoui, dont le bloc laïque Irakia devance d'un cheveu la coalition à dominante chiite de son successeur Nouri al Maliki aux législatives du 7 mars, s'est dit résolu samedi à former rapidement une coalition gouvernementale avec n'importe quel autre courant politique.

Selon des résultats officiels non encore définitifs publiés vendredi, Irakia obtient 91 sièges des 335 sièges à pourvoir, contre 89 pour la coalition de l'Etat de droit (EDD) du Premier ministre chiite sortant, Nouri al Maliki, qui a annoncé qu'il contesterait ces chiffres.

L'Alliance nationale irakienne (ANI), bloc chiite proche de l'Iran, arrive en troisième position avec 70 sièges et l'Alliance kurde qui regroupe les deux principaux mouvements nationalistes du Nord semi-autonome, se voit attribuer 42 sièges.

Comme ni Irakia ni l'EDD n'approchent la majorité de 163 sièges pour pouvoir gouverner seul, des tractations longues et âpres sont à attendre dans les semaines et mois à venir.

"La décision de la liste Irakia est de s'ouvrir à tous les courants, à commencer par l'Etat de droit conduit par le Premier ministre Nouri al Maliki. L'Irak n'appartient à personne ni à un parti mais à tous les Irakiens", a déclaré à la presse Allaoui.

"Nous espérons former le gouvernement aussi rapidement que possible, un gouvernement qui soit capable d'apporter la sécurité et d'offrir des services appropriés au peuple", a ajouté celui-ci , qui fut Premier ministre de 2004 à 2005.

Mais, anticipant les manoeuvres de Maliki pour fusionner avec l'ANI afin de former un gouvernement majoritaire à dominante chiite, Allaoui a rappelé que "le peuple irakien a choisi Irakia pour former la base de futurs pourparlers avec d'autres partis".

CRAINTES DE "LIBANISATION"

Si les partisans du jeune imam radical chiite Moktada Sadr, qui forment 30% de l'électorat de l'ANI, se prêtent à cette manoeuvre malgré leurs préventions contre Maliki, qui avait mis au pas leur milice armée en 2008, une telle alliance réunirait 159 sièges, soit presqu'une majorité absolue.

Mais toute tentative visant à écarter du pouvoir Allaoui, qui, tout en étant chiite, a fédéré l'électorat minoritaire sunnite, pourrait raviver les tensions intercommunautaires, qui ont failli faire basculer le pays dans le chaos il y a à peine deux ans.

Dans le contexte régional, Maliki et l'ANI passent pour avoir des liens étroits avec l'Iran, tandis qu'Allaoui entretient de bonnes relations avec les voisins arabes sunnites de l'Irak, à commencer par l'Arabie saoudite.

Samedi, Allaoui a souligné que le nouveau gouvernement devrait oeuvrer à un renforcement de ses relations avec ses voisins et notamment à la résolution des litiges frontaliers avec l'Iran et le Koweït, la stabilité de l'Irak et celle de la région étant selon lui indissociables.

Chez les voisins arabes de l'Irak, le succès d'Allaoui a été accueilli avec un espoir, mêlé de la crainte que la fusion possible de partis chiites sous influence iranienne maintienne la minorité sunnite à l'écart du pouvoir.

"Ces résultats sont très encourageants. Ils semblent avoir rétabli un équilibre sur la scène politique irakienne. Mais la crainte d'une 'libanisation' de l'Irak persiste car nombre de partis sont soutenus par des puissances régionales", analyse le politologue saoudien Khaled al Dakhil.

L'analyste émirati Abdoul Khalek Abdallah est un peu plus optimiste, mais également prudent. "L'Irak devient plus laïque et moins religieux", juge-t-il tout en notant que l'Iran reste une "force formidable" dans ce pays.

"Allaoui est plus ouvert aux Arabes et il a gagné malgré l'interventionnisme iranien. Mais il ne sera pas en mesure de former un gouvernement, parce que personne ne voudra former une alliance avec lui", prédit pour sa part l'avocat koweïtien Nader al Moutaïri.

Avec Cynthia Johnston à Dubaï, Marc Delteil, pour le service français, édité par Nicole Dupont