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Allaoui enregistre le meilleur score aux législatives en Irak

La liste laïque Irakia de l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui a remporté le plus grand nombre de sièges aux législatives irakiennes du 7 mars, mais le résultat serré du scrutin annonce des pourparlers longs et difficiles pour former un nouveau gouverne

La liste laïque Irakia de l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui a remporté le plus grand nombre de sièges aux législatives irakiennes du 7 mars, mais le résultat serré du scrutin annonce des pourparlers longs et difficiles pour former un nouveau gouverne - -

par Souadad al Salhy et Khalil al Ansary BAGDAD - La liste laïque Irakia de l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui a remporté le plus grand nombre...

par Souadad al Salhy et Khalil al Ansary

BAGDAD (Reuters) - La liste laïque Irakia de l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui a remporté le plus grand nombre de sièges aux législatives irakiennes du 7 mars, mais le résultat serré du scrutin annonce des pourparlers longs et difficiles pour former un nouveau gouvernement.

Selon les résultats préliminaires, Irakia obtient 91 sièges, contre 89 pour la coalition de l'Etat de droit (EDD) du Premier ministre sortant, Nouri al Maliki.

L'Alliance nationale irakienne (ANI), bloc chiite proche de l'Iran, arrive en troisième position avec 70 sièges et l'Alliance kurde, union de deux partis du Nord semi-autonome, se voit attribuer 42 sièges.

L'ANI, dont fait partie le mouvement de l'imam antiaméricain Moktada Sadr, est en discussions avec l'EDD de Maliki, ont indiqué des représentants des deux alliances.

L'Assemblée compte au total 325 sièges.

Lors d'une brève intervention, Allaoui a déclaré qu'il tendrait "la main et le coeur" à tous les groupes politiques.

"Pour tous ceux qui veulent contribuer à construire l'Irak, nous enterrerons le sectarisme politique et le régionalisme politique", a-t-il dit.

Maliki a reçu le soutien de l'électorat ethniquement divers de Bagdad et des provinces méridionales à majorité chiite, tandis qu'Allaoui est arrivé en tête dans les régions à dominante sunnite de l'Ouest et d'une partie du Nord.

Après l'annonce des résultats, Maliki a dit être "en passe de former le bloc le plus important au parlement", tout en contestant les chiffres donnés par la commission électorale. "Bien entendu, je n'accepterai pas ces résultats" qui ne sont pas définitifs, a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

SADR DANS LE RÔLE D'ARBITRE ?

Toute tentative qui viserait à marginaliser Allaoui dans les semaines ou les mois de négociations périlleuses qui préluderont à la mise en place d'un gouvernement serait sans doute mal prise par les sunnites relégués au second plan de la politique nationale après l'éviction de Saddam Hussein en 2003.

Al Melkert, représentant spécial de l'Onu en Irak, a jugé les élections "crédibles" et le département d'Etat américain a félicité l'Irak de leur bon déroulement, en notant que les observateurs internationaux et irakiens n'avaient signalé aucun signe de fraude grave ou à grande échelle.

Les résultats diffusés vendredi constituent un décompte préliminaire de la totalité des suffrages exprimés, mais il se peut qu'on attende encore des semaines les résultats définitifs - que doit avaliser un tribunal.

Le risque d'une vacance du pouvoir et l'instabilité à prévoir durant les négociations politiques feront l'objet d'une surveillance anxieuse de Washington, l'armée américaine se préparant à mettre fin officiellement à ses opérations de combat le 1er septembre et à se retirer du pays d'ici à la fin de 2011.

Signe de la fragilité du pays en matière de sécurité, deux attentats à l'explosif ont fait au moins 42 morts et 65 blessés vendredi sur un marché de la ville de Khalis, dans la province sunnite de Diyala, peu avant l'annonce des résultats électoraux.

Des affrontements intercommunautaires avaient éclaté après les législatives de 2005, année où les parlementaires avaient mis cinq mois à s'entendre sur la composition d'un gouvernement.

Le bon score réalisé par les sadristes peut conférer à l'imam chiite pro-iranien, dont l'Armée du Mahdi a combattu plusieurs années les troupes américaines, un éventuel rôle d'arbitre au nouveau parlement.

Des représentants de l'Etat de droit (EDD) de Maliki et des sadristes se sont rendus vendredi en Iran pour y rencontrer Moktada Sadr, indique-t-on de source proche de l'ANI. Une "fusion" de l'EDD et de l'ANI permettrait aux deux blocs de flirter avec les 163 sièges requis pour former un gouvernement.

Une telle alliance pourrait toutefois placer les sunnites en position vulnérable alors qu'ils se sont rendus aux urnes en grand nombre. Leur participation était jugée déterminante pour la stabilité future de l'Irak après les violences interconfessionnelles qu'a connues l'Irak en 2006-2007.

Une fusion risquerait aussi de réduire les chances qu'a Maliki de remplir un second mandat de Premier ministre. Les sadristes avaient réagi avec fureur à l'envoi par le Premier ministre de troupes fédérales contre leurs miliciens, dont plusieurs centaines demeurent emprisonnés.

Clément Dossin, Guy Kerivel et Philippe Bas-Rabérin pour le service français