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Alger annonce des mesures pour contenir les prix et les émeutes

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par Lamine Chikhi ALGER (Reuters) - Le gouvernement algérien a décidé samedi de supprimer temporairement certaines taxes sur le sucre et l'huile...

par Lamine Chikhi

ALGER (Reuters) - Le gouvernement algérien a décidé samedi de supprimer temporairement certaines taxes sur le sucre et l'huile alimentaire, dans l'espoir d'enrayer la hausse des prix et les manifestations dans plusieurs villes d'Algérie.

Depuis mercredi, le pays est en proie à de violentes émeutes déclenchées par un taux de chômage élevé et une hausse récente des prix des produits alimentaires de base. Deux personnes ont été tuées et 400 autres blessées dans les manifestations.

Le gouvernement algérien a annoncé, à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire, plusieurs mesures qui constituent la première réponse officielle depuis le début des manifestations, qui ont continué samedi en Kabylie.

"Ces exonérations temporaires et exceptionnelles de droits de douanes, de TVA et d'IBS, sur le sucre roux et sur les huiles alimentaires représentent un total de charge de 41% qui vient en déduction des prix de revient", écrit le gouvernement dans un communiqué diffusé par l'agence officielle Algérie Presse Service (APS). Ces mesures resteront en vigueur jusqu'au 31 août, annonce Alger.

"Le gouvernement attend des producteurs et des distributeurs d'en répercuter en urgence les effets sur les prix de vente aux consommateurs", ajoute le gouvernement.

Les prix de la farine, du sucre et de l'huile alimentaire ont doublé ces derniers mois pour atteindre des niveaux record. Le kilo de sucre, qui valait 70 dinars il y a quelques mois, en coûte désormais 150.

Concernant la farine, Alger ne modifiera pas le prix du blé qu'il fournit aux minoteries mais augmentera les quotas de blé tendre.

"VOLONTÉ RÉSOLUE"

Le gouvernement défend par ailleurs son action depuis le début de la hausse des prix et assure qu'il n'y aura pas de pénurie.

"Nul ne peut mettre en doute la volonté résolue de l'Etat sous la direction de M. le président de la République (Abdelaziz Bouteflika) d'intervenir chaque fois que nécessaire pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens, face à toute hausse de prix découlant des fluctuations sur le marché international ou des coûts de revient localement", affirme-t-il, citant les subventions directes ou indirectes pour garantir les prix du lait, du blé, de l'eau, du gaz ou de l'électricité.

Bouteflika ne s'est pas exprimé depuis le début de la crise.

Le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, a confirmé à l'APS la mort de deux personnes dans les manifestations.

Selon des sources proches des services de sécurité, un jeune homme est mort à Msila, à 250 km au sud-est de la capitale Alger et un autre à Bou Ismaïl, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de la capitale.

De nouvelles émeutes ont éclaté samedi en Kabylie, à l'est d'Alger, notamment à Tizi Ouzou et à Béjaïa, rapportent des témoins interrogés par Reuters.

Selon APS, des bâtiments gouvernementaux, des banques et des bureaux de poste ont été mis à sac par des émeutiers dans plusieurs villes de l'est du pays, notamment à Constantine, Jijel, Sétif et Bouira, jeudi soir et vendredi matin.

"La tension reste vive. Les gens ont peur. Dans mon quartier, ce matin, il n'y avait pas de pain ni de lait, rien", a indiqué Abdallah Chiboud, un retraité de 65 ans, qui vit à Bab Ezzouar, à l'est d'Alger.

Marine Pennetier et Clément Guillou pour le service français