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Zimbabwe: trois morts après l'annonce contestée de la victoire du parti au pouvoir

Les militaires ont été déployés dans les rues d'Harare, la capitale du Zimbabwe, alors que de nombreux manifestants s'opposent aux résultats annoncés des élections

Les militaires ont été déployés dans les rues d'Harare, la capitale du Zimbabwe, alors que de nombreux manifestants s'opposent aux résultats annoncés des élections - Zinyange AUNTONY / AFP

Des violences déchirent la capitale du pays, l'armée réprimant avec force les manifestants de l'opposition. Le pays organise ses premières élections après le départ de Robert Mugabe, resté en poste près de 40 ans.

Les militaires ont ouvert le feu sur les manifestants contestant les résultats annoncés. Des violences opposant forces de l'ordre et partisans de l'opposition ont éclaté mercredi à Harare, faisant trois morts, après l'annonce de résultats partiels des premières élections au Zimbabwe depuis la chute en novembre de Robert Mugabe, écarté après près de quarante ans de pouvoir sans partage.

Le porte-parole adjoint de l'ONU, Farhan Haq, a appelé gouvernement et l'opposition "à la retenue et au rejet de toute forme de violence en attendant le règlement des disputes et l'annonce des résultats de l'élection".

La police a confirmé "la mort regrettable de trois personnes pendant les émeutes et la mêlée qui s'est produite dans le centre de Harare", lors d'une déclaration à la télévision nationale.

"Ils ne vont pas nous faire taire avec leurs fusils"

Au moins un manifestant a été tué par les tirs à balle réelle des militaires. Un photographe de l'Agence France Presse a également constaté la mort d'un homme touché à l'estomac, succombant à ses blessures.

"On ne veut pas les soldats dans la rue. Ils ne vont pas nous faire taire avec leurs fusils", a assuré Beridge Takaendesa, un ancien agent immobilier de 43 ans, mécontent de l'annonce des résultats partiels donnant la victoire aux législatives du parti au pouvoir au Zimbabwe depuis 1980, la Zanu-PF.

Des barricades ont été érigées dans la ville avec des blocs de béton et des pierres. Des policiers anti-émeutes bloquaient l'accès au siège du principal parti de l'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), tandis que des véhicules militaires patrouillaient en ville.

"Inégalité des chances"

Les résultats officiels de la présidentielle opposant Emmerson Mnangagwa et le leader du MDC, Nelson Chamisa, ne sont pas encore connus, mais ce dernier a déclaré qu'ils étaient en train d'être truqués.

Soucieux de se démarquer de son ex-mentor, Emmerson Mnangagwa, avait promis des élections justes, pacifiques et transparentes. Il avait également invité des observateurs occidentaux, une première en seize ans, aux élections présidentielle, législatives et municipales de lundi, les premières depuis la chute de Robert Mugabe.

Dans un communiqué publié mercredi, les observateurs de l'Union européenne (UE) ont dénoncé "l'inégalité des chances" entre les candidats aux élections générales au Zimbabwe et des "intimidations d'électeurs", tout en soulignant que le climat politique s'est "amélioré" au Zimbabwe.

Première chance pour l'opposition en près de 40 ans

Les électeurs se sont déplacés en masse lundi pour les premières élections générales post-Mugabe. Écarté par un coup de force de l'armée et de son parti après être entré en crise ouverte avec Emmerson Mnangagwa, Robert Mugabe avait été contraint de démissionner en novembre, après trente-sept ans au pouvoir.

Dimanche, lors d'une conférence de presse surprise, le nonagénaire a annoncé qu'il ne voterait pas Zanu-PF, laissant sous-entendre qu'il glisserait un bulletin Chamisa.

L.D., avec AFP