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Zimbabwe: Mugabe réélu, l'UE s'inquiète des "irrégularités présumées"

Robert Mugabe, à la tribune des Nations unies, mercredi 26 septembre.

Robert Mugabe, à la tribune des Nations unies, mercredi 26 septembre. - -

L'Union européenne s'est inquiétée samedi des "irrégularités présumées" et du "manque de transparence" dans le cadre des élections au Zimbabwe, qui ont donné vainqueur le président sortant Robert Mugabe, au pouvoir depuis 33 ans.

"L'Union européenne s'inquiète des irrégularités présumées et de la participation incomplète (au scrutin), ainsi que des faiblesses identifiées dans le processus électoral et le manque de transparence", a déclaré dans un communiqué la représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton.

L'UE va donc "continuer à suivre les développements dans le pays et à travailler avec ses partenaires internationaux dans les semaines qui viennent", a souligné Catherine Ashton.

Elle a, par ailleurs, encouragé tous les partis politiques au Zimbabwe à "maintenir l'ordre et le calme", estimant que les élections se sont déroulées de manière relativement "pacifique".

John Kerry, lui, a estimé que les résultats des élections au Zimbabwe ne sont pas "crédibles". "Les Etats-Unis ne pensent pas que les résultats annoncés aujourd'hui représentent l'expression crédible de la volonté du peuple zimbabwéen", indique le chef de la diplomatie américaine

Une élection "très libre" mais pas "honnête"?

Des résultats officiels ont annoncé ce samedi après-midi la victoire de Robert Mugabe à la présidentielle. Au pouvoir depuis l'indépendance de son pays en 1980, il a été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle avec 61% des voix dès le premier tour, son parti obtenant aussi la majorité qualifiée des deux tiers à l'Assemblée.

L'UE a "pris note" de ces résultats, a affirmé Catherine Ashton, ainsi que "des évaluations faites par la SADC", la communauté de développement d'Afrique australe qui a déployé ses observateurs pour les élections du 31 juillet.

L'Union européenne n'avait pas ses propres observateurs sur le terrain et a dû s'en remettre à la lecture du rapport des observateurs de la SADC. Le chef des observateurs, le Tanzanien Bernard Membe, avait estimé vendredi que l'élection avait été "libre, très libre même...". "Nous n'avons pas dit qu'elle était honnête", avait-il toutefois précisé.

La Grande-Bretagne a, elle, émis de "sérieux" doutes samedi quant aux résultats des élections au Zimbabwe. "Les irrégularités avant les élections et le jour même du scrutin, dont ont fait état les missions d'observateurs, et en contradiction avec les recommandations de la SADC, met sérieusement en question la crédibilité de l'élection ", déclare le ministère des Affaires étrangères britannique.

L'opposition boycotte le nouveau gouvernement

Dans ce contexte, le chef de l'opposition au président zimbabwéen, Morgan Tsvangirai, a annoncé samedi son intention de boycotter le gouvernement issu des élections générales qu'il a qualifié d'"illégales" et dont il entend contester le résultat en justice.

Les défenseurs des droits de l'homme avaient souligné par avance le climat de liberté politique restreinte dans lequel le vote allait se dérouler. Mais, malgré les doutes sur l'honnêteté du scrutin, l'ensemble de la communauté internationale, y compris l'ONU, presse désormais pour que M. Tsvangirai s'incline et donne la priorité à l'absence apparente de violence.

En 2008, après plusieurs années déjà marquées par l'expropriation violente des grands planteurs blancs, le Zimbabwe avait connu des journées de terreur et frôlé la guerre civile quand les partisans de M. Mugabe, distancé au premier tour de la présidentielle, s'étaient déchaînés.

M. P. avec AFP