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Zambie: le président Michael Sata, le "Roi Cobra" est mort

Elu il y a trois ans, Michael Sata était critiqué pour ses tentations autoritaires.

Elu il y a trois ans, Michael Sata était critiqué pour ses tentations autoritaires. - Mackson Wasamunu - AFP

Le président zambien Michael Sata est décédé à Londres, mardi soir. Surnommé "le roi cobra" pour son franc parler dans l'arène médiatique, il laisse un vide politique important.

Après trois ans au pouvoir marqués par son penchant autoritaire, le président Zambien, Michael Sata, est mort, mardi soir. Il a succombé à la maladie qui le tenait largement à l'écart de la scène publique et alimentait une féroce bataille de succession à la tête de ce pays grand producteur de cuivre.

Après des mois de déni, de fausses alertes voire de répression contre quiconque osait évoquer la mauvaise santé du président, le secrétaire général du gouvernement Roland Msiska a annoncé la nouvelle à la radio mercredi.

"C'est le coeur lourd que je vous annonce le décès de notre bien-aimé président Michael Sata", a-t-il déclaré, tandis que tout le gouvernement entrait d'urgence en réunion avant une conférence de presse prévue dans la matinée. L'intérim jusqu'à l'élection présidentielle anticipée, qui doit se tenir d'ici fin janvier, sera assuré par le vice-président Guy Scott. 

Une maladie qui paralysait la Zambie

Le président n'avait plus été vu en public depuis son retour de l'Assemblée générale des Nations unies le mois dernier à New York, où il n'avait pas pu prononcer son discours. Le 19 septembre, il avait refait surface au parlement pour clamer: "Je ne suis pas mort". Depuis plusieurs mois, son absence de la vie politique paralysait le pays.

Le président était appelé "roi cobra" pour son franc parler. L'ancien président américain Georges Bush l'avait appris à ses dépens lorsque le président zambien lui avait vivement reproché un retard, en le traitant d'"ancien colon", comme le rapporte Le Monde

Mais celui qui avait promis de faire profiter le peuple zambien de la croissance annuelle de 6% avait déçu son électorat. "Le Sata pour lequel le peuple zambien a voté est mort il y a longtemps. Celui que nous avons au palais présidentiel est un autre Sata", avait dénoncé l'an dernier le père Frank Bwalya, ancien proche du roi cobra passé dans l'opposition.

Deux alternances pacifiques en 40 ans

Le pays a connu un régime de parti unique sous son premier président Kenneth Kaunda, toujours vivant et âgé de 90 ans, du début des années 1970 jusqu'en 1990, mais a vécu depuis deux alternances pacifiques.

La prochaine élection présidentielle n'était en principe pas prévue avant 2016 mais en cas de décès du président de nouvelles élections doivent être organisées sous 90 jours, soit d'ici fin janvier. Une nouvelle Constitution, promise pendant sa campagne par M. Sata, a été rédigée, mais toujours pas promulguée.

"Je suis très choqué par le décès de notre président (...) Nous sommes déjà passés par là dans le passé mais nous avons maintenu la paix et j'espère que nous resterons pacifiques", a commenté l'ex-président Rupiah Banda qui a dirigé la Zambie de 2008 à 2011.

Rupiah Banda fait partie des personnalités qui ont fait les frais ces trois dernières années de poursuites judiciaires pour corruption, déclenchées sous la présidence Sata. 

La Chine, partenaire grâce au cuivre zambien

Le cuivre assure 70% des recettes d'exportation de ce pays d'Afrique australe, qui est septième producteur mondial.. Le pays est en outre abondamment doté en ressources naturelles, terres, forêts, eau, cuivre, cobalt et émeraudes notamment.

Le Roi cobra, comme il était appelé, était connu avant son élection pour ses positions anti-chinoises. Mais depuis, les liens entre la Zambie et la Chine se sont au contraire resserrés.

J.S avec AFP