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Violentes manifestations anti-Charlie au Niger, des églises incendiées

Des émeutes ont éclaté au Niger, après la publication d'une caricature de Mahomet dans le dernier "Charlie Hebdo".

Des émeutes ont éclaté au Niger, après la publication d'une caricature de Mahomet dans le dernier "Charlie Hebdo". - Boureima Hama - AFP

Des émeutes ont éclaté au Niger après la publication d'une caricature du prophète Mahomet en une du dernier numéro de Charlie Hebdo. Plusieurs églises ont été incendiées à Niamey, ce samedi,  où les violences ont fait 5 morts.

La tension monte au Niger, comme dans plusieurs autres pays musulmans. Au moins cinq personnes sont mortes à Niamey ce samedi dans de violentes manifestations, et huit églises ont été incendiées par des manifestants hostiles à la caricature de Mahomet publiée dans l'hebdomadaire français Charlie Hebdo, après les attentats qui ont frappé la France la semaine dernière

Le calme est revenu dans la soirée dans la capitale mais des voitures de police restent stationnées devant la cathédrale et plusieurs autres édifices religieux de la ville.

Les expatriés français appelés à la vigilance

La France a indiqué en fin d'après-midi, par la voix du ministère des Affaires étrangères, condamner ce recours à la violence. "La France condamne le recours à la violence aujourd'hui à Niamey, hier à Zinder" et "exprime sa solidarité avec les autorités du Niger", a ainsi déclaré le chef de la diplomatie Laurent Fabius dans un communiqué.

Les expatriés français (environ 2.000) ont été appelés par l'ambassade de France à ne pas sortir de chez eux.

Scènes d'émeutes

Huit lieux de culte, pour la plupart des églises évangéliques, dont certaines siégeaient dans de petites villas sans aucun signe religieux distinctif, ont été brûlés sur la rive gauche de Niamey. Cinq personnes, toutes civiles, ont été tuées dans les violences, notamment dans des églises et des bars. L'une des victimes a été retrouvée calcinée dans une église, a indiqué le président nigérien, Mahamadou Issoufou.

Des nombreux bars, hôtels, débits de boisson ou commerces divers appartenant à des non-musulmans ou tenant enseigne pour des entreprises françaises, ont en effet également été détruits.

"Certains d'entre nous sont restés barricadés à la maison. Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie", a déclaré un mécanicien chrétien ouest-africain, retranché dans son atelier avec ses ouvriers, tout en regardant à travers les orifices d'une fenêtre fermée des manifestants saccager un kiosque en face de son commerce. "Nous, ici, au travail, nous sommes obligés de nous cloîtrer dans notre atelier. Vraiment nous avons peur. Il faut que l'Etat mette fin à tout ça. Ca ne sent pas bon pour nous", a-t-il soupiré.

D'après une source sécuritaire, six groupes de 200 à 300 protestataires ont été dénombrés, semant le chaos dans Niamey.

Quatre morts vendredi

Des manifestations spontanées -pneus incendiés à des carrefours- se tiennent également à Maradi, une ville située entre Niamey et Zinder, la deuxième ville du Niger, où des manifestations anti-Charlie Hebdo vendredi ont dégénéré en émeutes, faisant 5 morts et 45 blessés selon un nouveau bilan. A Zinder, environ 300 chrétiens ont été placés sous protection miliaire, a indiqué une source sécuritaire nigérienne.

A Agadez, grande ville du nord nigérien, le calme est revenu après des manifestations violentes vendredi, durant lesquelles le siège du parti au pouvoir avait été brûlé.

Les oulémas appellent les manifestants au calme

Une vingtaine d'oulémas, des théologiens musulmans, ont appelé au calme à la télévision les centaines de manifestants. "N'oubliez pas que l'islam est contre la violence. J'appelle hommes et femmes, garçons et filles à se calmer. Les actions de destruction ne sont pas cautionnées en islam", a exhorté le prédicateur Yaou Sonna, qui comme les autres dignitaires musulmans s'exprimait devant les caméras de la télévision publique.

A.S. avec AFP