Un migrant raconte la galère de sa traversée de la Méditerranée
Les associations humanitaires ont dénoncé mercredi l'incurie des autorités européennes face aux naufrages de migrants en Méditerranée, alors qu'environ 400 migrants sont présumés disparus en mer malgré les recherches des garde-côtes italiens. Si les premiers témoignages sont confirmés, "ces derniers jours auront été parmi les plus meurtriers dans les eaux les plus dangereuses du monde pour les migrants et les demandeurs d'asile", a déclaré mercredi Judith Sunderland, responsable régionale de Human rights watch (HRW).
A Paris, BFMTV a rencontré un migrant qui a réussi à traverser la Méditerranée il y a quelques jours. David nous a raconté son voyage périlleux sur une embarcation de fortune.
"Le passeur avait promis un grand bateau; en réalité c’était plutôt une barque de 20 mètres de long. Nous étions 250 à bord. Les hommes dans la cale. Les femmes et les enfants sur le pont. C’était dangereux, mais je n’avais pas le choix".
1.600 euros la traversée
David a fui la guerre et la dictature qui sévissent en Erythrée. La première étape de son voyage a été le Soudan puis la Lybie où un passeur lui a proposé de l’emmener en Europe monnayant 1.600 euros.
1.600 euros pour une traversée dans des conditions indignes. "Au bout d’une heure, le moteur est tombé en panne. On était à la dérive. Tout le monde pleurait. Il faisait nuit et il n'y avait personne pour nous aider", raconte David. Les migrants parviendront à téléphoner au passeur, mais l’odyssée sera loin d’être terminée pour autant. "Il nous a remorqué avec un autre bateau, ça a duré 10 heures, sans eau ni nourriture. Et puis dès qu’on est entré dans les eaux territoriales italiennes, il nous a laissé en pleine mer. Il a dit: 'le gouvernement italien va s’occuper de vous maintenant'."
Il a eu de la chance en effet, les migrants ont été secourus par les garde-côtes. Et David a continué sa route jusqu’en France. Mais aujourd’hui, il dort sous un pont de métro à Paris. Sans projet, il ne sait pas encore s’il demandera l’asile politique. A son frère resté au pays, il conseille désormais de ne jamais entreprendre un tel voyage.