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Turquie: manifestation géante en soutien à Recep Erdogan

Un rassemblement géant "pour la démocratie" s'est transformé en démonstration de force pour le président turc, Recep Tayyip Erdogan, trois semaines après la tentative de putsch raté.

Une marée géante humaine a investi les rues d'Istanbul en Turquie ce dimanche. Parmi eux, de très nombreux soutiens au président Recep Tayyip Erdogan. Ce rassemblement géant "pour la démocratie", auquel ont participé deux leaders des partis d'opposition, intervient trois semaines après la tentative de putsch raté. "C'était un meeting pour donner un message d'unité nationale", confirme sur BFMTV Emre Demir, le rédacteur en chef de Zaman France. 

Cette manifestation qui se se voulait "au-dessus des partis", a permis au président turc d'engranger un soutien appuyé de l'opposition. Les principales formations de l'opposition s'y sont jointes, à l'exception du HDP prokurde, non invité en raison de ses liens présumés avec la guérilla du PKK, même si lui aussi avait condamné la tentative de putsch. 

Soutien de l'opposition

Prenant d'abord la parole, Devlet Bahceli, leader du MHP (droite nationaliste) a rendu hommage aux Turcs avec lyrisme: "Contre les balles, vous avez marché comme si c'était un jardin de roses". "Il n'y a aucune autre option que de se débarrasser de FETO (le réseau de Gülen, désigné comme l'instigateur du putsch, NDLR) dans la société parce qu'il s'y est niché comme un cancer", a-t-il lancé, reprenant la réthorique d'Ankara et approuvant ainsi implicitement la traque massive en cours des "gulenistes".

"Nous allons vivre comme des frères et soeurs", a déclaré ensuite le chef du principal parti d'opposition, le CHP social démocrate, Kemal Kilicdaroglu, saluant cette "journée importante pour la démocratie turque". "Cette organisation terroriste a prospéré au sein de l'armée et partout dans l'Etat", a-t-il assuré, reprenant l'antienne officielle, tout en demandant un "renforcement de la démocratie et du système parlementaire".

Le rétablissement de la peine de mort évoqué

Mais cette manifestation, qui aurait rassemblé trois millions de personnes selon les journaux pro-gouvernementaux, a été une réelle démonstration de force pour Recep Tayyip Erdogan. Prenant la parole à la fin du rassemblement "pour la démocratie et les martyrs" du putsch avorté du 15 juillet, le président turc a de nouveau évoqué dimanche un possible rétablissement de la peine de mort en Turquie.

"Si le peuple veut la peine de mort, les partis suivront sa volonté", a dit M. Erdogan devant des sympathisants qui scandaient "peine de mort!".

"Apparemment, il n'y a pas la peine capitale en Europe, mais ils l'ont aux Etats-Unis, au Japon, en Chine. La plupart des pays l'appliquent", a assuré le président Erdogan. Selon Amnesty International toutefois, 140 pays sont abolitionnistes, en droit ou en pratique. Le chef d'Etat-major Hulusi Akar -- brièvement enlevé par les putschistes -- a été acclamé en héros par la foule et lui aussi interrompu par des cris de "peine de mort!".

Un rétablissement de la peine capitale abolie en 2004 sonnerait le glas des négociations, déjà très compromises, d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Tout en aggravant l'inquiétude à l'étranger sur une dérive autoritaire du président Erdogan, qui concentre les pouvoirs d'une manière inédite en cent ans de république turque.

la rédaction avec AFP