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Tunisie

Présidentielle en Tunisie: deux candidats anti-système se disent qualifiés pour le second tour

Une femme dans un bureau de vote à Tunis, dimanche 15 septembre 2019.

Une femme dans un bureau de vote à Tunis, dimanche 15 septembre 2019. - Fethi Belaid / AFP

L'homme d'affaires emprisonné Nabil Karoui et l'universitaire indépendant Kais Saied, deux candidats "anti-système", ont affirmé ce dimanche soir être qualifiés pour le scrutin.

L'affiche du second tour de l'élection présidentielle tunisienne, très incertaine, se précise. L'homme d'affaires emprisonné Nabil Karoui et l'universitaire indépendant Kais Saied, deux candidats "anti-système", ont affirmé ce dimanche soir être qualifiés pour le scrutin, se basant sur deux sondages convergents.

"Nabil Karoui est au second tour", a indiqué une responsable de son parti, Qalb Tounes, tandis que de son côté Kais Saied déclarait être arrivé "le premier au premier tour", s'appuyant sur ces sondages qui le donnent en tête avec quatre points d'écart devant Nabil Karoui.

Le parti islamiste en troisième position

"Nous espérons qu'il sera libéré demain et qu'il puisse mener campagne de façon équitable", a déclaré de son côté l'épouse de Nabil Karoui, Salwa Smaoui, devant la presse, avant de lire une lettre écrite par son mari.

"Nous espérons pour ce second tour que l'injustice cesse et que la compétition électorale soit équitable envers les deux candidats, avec un respect total de la Constitution, des lois et de la volonté des citoyens et des électeurs", a-t-elle lu.

Les sondages, effectués par les instituts tunisiens Sigma Conseil et Emrhod, donnent Kais Saied à environ 19%, et Nabil Karoui à environ 15%. Le premier candidat à la magistrature suprême présenté par le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, Abdelfattah Mourou, arrive troisième avec 11 à 12%, loin devant le Premier ministre Youssef Chahed, situé entre 7 et 8% selon ces sondages.

Coup de tonnerre

S'ils se confirment, ces résultats sont un véritable coup de tonnerre qui balaye la classe politique tunisienne au pouvoir depuis la révolution de 2011, et ouvrent une période de grande incertitude dans le pays pionnier du printemps arabe. Les résultats officiels préliminaires ne seront annoncés que mardi par l'Isie, l'instance chargée de l'organisation du scrutin.

Nabil Karoui, 56 ans, est derrière les barreaux depuis le 23 août, sous le coup d'une enquête pour blanchiment et fraude fiscale. Si sa qualification au second tour se confirme, il s'agira d'une situation sans précédent dans le monde. Fondateur de la chaîne privée Nessma, il s'est construit une forte popularité en organisant des opérations caritatives dans les régions défavorisées du pays. 

De son côté, l'universitaire indépendant Kais Saied, 61 ans, surnommé "Robocop" en raison de sa diction rigide et de son visage impassible, a assuré être "le premier du premier tour".

"Si je suis élu président j'appliquerai mon programme", a-t-il déclaré, dans un petit appartement délabré du centre de Tunis, entouré d'une quinzaine de personnes ayant participé à sa campagne.

Kais Saied, connu des Tunisiens pour avoir commenté la scène politique sur les plateaux de télévision depuis la révolution de 2011, n'a aucun parti pour le soutenir et n'avait jamais disputé de campagne électorale.

Jules Pecnard avec AFP