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Tunisie

Ce que l'on sait de l'attaque qui a fait au moins quatre morts près d'une synagogue en Tunisie

Au moins quatre personnes sont mortes et neuf ont été blessées ce mardi soir sur l'île tunisienne de Djerba, lors d'une attaque en deux temps d'un gendarme, ont indiqué les autorités du pays.

Au moins quatre personnes sont mortes ce mardi soir sur l'île tunisienne de Djerba, alors que se terminait dans la synagogue de la Ghriba, la plus ancienne d'Afrique, un pèlerinage juif rassemblant plusieurs milliers de fidèles. Une attaque qui a eu lieu en deux temps, a expliqué le ministère tunisien de l'Intérieur dans la nuit.

L'assaillant, un gendarme, a d'abord tué par balle sur le port de l'île l'un de ses collègues. Il a pris ses munitions et s'est ensuite dirigé vers la synagogue. Les tirs ont été entendus dans la soirée depuis le lieu de culte, faisant paniquer des centaines de fidèles.

• Un Français parmi les victimes

Très rapidement, des renforts policiers ont été déployés autour de la synagogue pour sécuriser les pèlerins. Mais l'assaillant s'est retrouvé aux abords du lieu de culte et a ouvert le feu sur les forces de l'ordre. Un second policier a été touché mortellement et cinq ont été blessés.

Deux "visiteurs" de la synagogue ont aussi été victimes de ces tirs. Dans la nuit, le ministère tunisien des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué que les deux morts étaient "un Tunisien âgé de 30 ans et un Français de 42 ans", sans en fournir les identités.

L'ambassade de France en Tunisie a ouvert une cellule de crise, joignable au numéro suivant: +216.31.31.51.10. Quatre personnes ont aussi été blessées et évacuées vers un hôpital, a fait savoir le ministère tunisien de l'Intérieur.

• L'assaillant abattu

L'assaillant, après avoir tué au moins quatre personnes et blessé au moins neuf autres en une soirée, a été abattu. Son identité n'a pas été communiquée.

"Les investigations se poursuivent pour élucider les motifs de cette agression lâche", a ajouté le ministère tunisien de l'Intérieur, se gardant à ce stade d’évoquer une attaque terroriste.

• Une synagogue déjà visée en 2002

Selon les organisateurs, plus de 5000 pèlerins juifs, essentiellement venus de l'étranger, ont participé cette année au pèlerinage de la Ghriba qui a repris l'année dernière après deux ans d'interruption en raison de la pandémie de Covid-19.

Organisé au 33e jour de la Pâque juive, le pèlerinage de la Ghriba est au cœur des traditions des Tunisiens de confession juive, qui ne sont plus que 1500, majoritairement installés à Djerba, contre 100.000 avant l'indépendance en 1956.

Des pèlerins viennent aussi traditionnellement de pays européens, des États-Unis ou encore d'Israël, mais leur nombre a considérablement diminué après l'attentat suicide au camion piégé revendiqué par Al-Qaïda en 2002 qui avait fait 21 morts.

• Un contexte de forte reprise du tourisme

Cette nouvelle attaque survient au moment où le tourisme enregistre une forte reprise en Tunisie après un net ralentissement pendant la pandémie.

Après plusieurs années de dégradation en raison de l'instabilité qui a suivi la révolution en 2011, ce secteur clé pour l'économie tunisienne avait été gravement affecté après les attentats de 2015 contre le musée du Bardo à Tunis et un hôtel de Sousse, dont le bilan s'était élevé à 60 morts dont 59 touristes étrangers.

Après la révolte populaire de 2011 ayant renversé le dictateur Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie a connu un essor des groupes jihadistes mais les autorités affirment avoir obtenu ces dernières années des progrès significatifs dans la lutte contre le terrorisme.

L'attaque survient alors que la Tunisie traverse une grave crise financière qui a empiré depuis que le président Kais Saied s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021, faisant vaciller la démocratie née de la première révolte du Printemps arabe en 2011.

Ariel Guez avec AFP