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Traqué à Tripoli, Kadhafi échappe toujours aux insurgés

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par Peter Graff et Ulf Laessing TRIPOLI (Reuters) - Mouammar Kadhafi, toujours insaisissable, continue de narguer ses adversaires libyens comme...

par Peter Graff et Ulf Laessing

TRIPOLI (Reuters) - Mouammar Kadhafi, toujours insaisissable, continue de narguer ses adversaires libyens comme occidentaux alors que certains de ses partisans poursuivent leur combat à Tripoli et ailleurs en Libye.

Les insurgés et leurs appuis, essentiellement occidentaux, tentent cependant de tourner au plus vite la page de ses 42 années de pouvoir. Les premiers ont annoncé que leur Conseil national de transition (CNT) avait commencé à s'installer à Tripoli tandis que les seconds tentent de débloquer des fonds pour financer la reconstruction et la relance de l'économie.

L'Otan, qui dirige la campagne de frappes aériennes en soutien de l'insurrection depuis mars, a bombardé Syrte, le fief de Mouammar Kadhafi le long de la côte méditerranéenne.

Dans un court message sonore diffusé par des chaînes de télévision qui lui sont fidèles, Mouammar Kadhafi a appelé jeudi les tribus à combattre "l'intervention étrangère" et à détruire les forces rebelles à Tripoli.

Il affirme que ses partisans constituent "la majorité écrasante" de la population libyenne et il leur demande de marcher sur Tripoli avec femmes et enfants pour "purifier" la ville "des rats, des croisés et des infidèles".

Après la prise mardi de Bab al Aziziah, le quartier général du "guide" libyen à Tripoli, les insurgés cherchent par tous les moyens à retrouver Mouammar Kadhafi afin de démoraliser définitivement ses partisans qui refusent de déposer les armes.

Ils considèrent que la guerre ne sera terminée qu'une fois Mouammar Kadhafi entre leurs mains et ils proposent une récompense de plus d'un million d'euros pour sa capture mort ou vif.

RUMEURS

Dans les rangs des rebelles, des rumeurs circulent sur le fait que Mouammar Kadhafi a été encerclé, voire aperçu, en certains endroits de la capitale. Des tirs de mitrailleuse ou de roquette éclatent mais Mouammar Kadhafi reste introuvable.

L'Otan fournit son aide à cette traque grâce à ses moyens de renseignement et de reconnaissance, a déclaré la Grande-Bretagne, et ses appareils ont poursuivi leurs bombardements durant la nuit.

Les insurgés s'emploient aussi à supprimer les dernières poches de résistance à Tripoli.

Dans un quartier du sud de la capitale proche de la prison d'Abou Salim, ils ont lancé un assaut coordonné pour conquérir maison après maison et faire des prisonniers.

Les forces de Mouammar Kadhafi ont pour leur part bombardé des positions rebelles à l'aéroport de Tripoli.

Les insurgés tentent cependant de donner l'impression de prendre en main les destinées du pays et ils ont annoncé qu'ils s'installaient à Tripoli.

"Je proclame le commencement de la reprise du travail de l'exécutif à Tripoli", a dit Ali Tarhouni, chargé des finances et du pétrole au CNT.

Jusqu'à présent, le CNT a siégé à Benghazi, la grande ville de Cyrénaïque, dans l'est de la Libye. Benghazi est la première grande ville de Libye à avoir été contrôlée par la rébellion, au début de la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi.

Les soutiens occidentaux du CNT tentent de lui faciliter la tâche en lui fournissant des fonds.

A l'Onu, les Etats-Unis ont obtenu un accord pour le déblocage d'environ 1,5 milliard d'avoirs libyens gelés afin de financer l'aide humanitaire et des projets civils.

CLINTON RAPPELLE AU CNT SES ENGAGEMENTS

Pour cela, ils sont parvenus à un accord avec l'Afrique du Sud, qui refuse de verser ces fonds directement au CNT, que l'Union africaine ne reconnaît pas.

Hillary Clinton a déclaré que les Etats-Unis souhaitaient voir le CNT respecter son engagement de bâtir un Etat tolérant et démocratique protégeant les droits de ses citoyens dès lors qu'il toucherait les avoirs débloqués.

"Il est essentiel que le CNT prenne rapidement contact avec les communautés et les représentants à travers la Libye afin de garantir l'ordre, fournir des services basiques essentiels à la population et ouvrir la voie à une transition pleinement démocratique", déclare la secrétaire d'Etat américaine dans un communiqué.

"Dans la nouvelle Libye, il ne saurait y avoir de place pour la vengeance et les représailles", ajoute-t-elle.

Les Etats-Unis et leurs partenaires craignent de voir la Libye basculer dans un bain de sang similaire à celui ayant suivi en Irak la chute de Saddam Hussein.

Cette crainte a été alimentée par la découverte jeudi des cadavres d'une trentaine d'hommes, probablement des combattants pro-Kadhafi, tués dans un camp militaire du centre de Tripoli.

Deux au moins avaient les mains liées et un autre était attaché à un brancard, une perfusion dans le bras, ce qui laisse supposer une exécution sommaire, a rapporté un journaliste de Reuters sur place. Tous les corps étaient criblés de balles.

Dans un autre quartier de la ville, ce sont probablement les corps d'opposants à Kadhafi qui ont été retrouvés.

Bertrand Boucey pour le service français