BFMTV
Afrique

"S'accrocher aux défenses": il raconte comment il a réussi à s'extraire de la bouche d'un hippopotame

Un hippopotame du parc zoologique de Chennai en Inde, le 26 avril 2017. (Photo d'illustration)

Un hippopotame du parc zoologique de Chennai en Inde, le 26 avril 2017. (Photo d'illustration) - Arun Sankar - AFP

Guide lors d'un safari en canoë, Paul Templer s'est retrouvé dans la bouche d'un hippopotame en essayant de sauver un collègue tomber à l'eau.

"J'ai réalisé que j'avais la gorge d'un hippopotame jusqu'à la taille". Paul Templer avait 28 à l'époque. Il organisait des voyages au Zimbabwe, notamment des safaris. Le 9 mars 1996, durant l'un d'entre eux, il va survivre à une attaque d'hippopotames, raconte-t-il à CNN.

"J'adorais cette partie du fleuve. C'est une région que je connais comme ma poche", détaille-t-il.

Un guide tombe à l'eau

Ce jour-là, il accepte de remplacer un collègue malade pour diriger un safari en canoë. Il part descendre le célèbre fleuve Zambèze avec six clients et trois apprentis guides. Sur chacun des trois canoës se trouvent ainsi deux touristes et un guide. Un apprenti guide se trouvait dans un kayak de sécurité à une place.

Le groupe tombe sur une douzaine d'hippopotames, une rencontre peu inhabituelle le long de ce fleuve. "L'idée était de pagayer en toute sécurité autour des hippopotames", explique Paul Templer.

Soudain, il voit un des canoës être catapulté en l'air, faisant chuter le guide dans l'eau. Paul Templer met ses clients en sécurité sur un rocher inatteignable par les animaux et va porter secours à l'homme dans l'eau.

Dans la gorge de l'animal

Alors qu'il s'approche de lui, "l'eau entre nous est entrée en éruption", détaille-t-il. "À partir de la taille, je pouvais sentir l'eau. Je sentais que j'étais mouillé dans la rivière. À partir de la taille, c'était différent. J'avais chaud et je n'étais pas mouillé comme dans la rivière, mais je n'étais pas sec non plus. J'ai essayé de bouger, mais je n'y arrivais pas".

"J'ai réalisé que j'avais la gorge d'un hippopotame jusqu'à la taille", ajoute-t-il.

Finalement, l'animal le recrache, mais quelques instants plus tard, Paul Templer est frappé de plein fouet par un second hippopotame qui l'attrape cette fois sur le côté.

"Réduit en bouillie"

"Heureusement, tout se passait au ralenti. Quand il allait sous l'eau, je retenais ma respiration. Lorsque nous étions à la surface, je prenais une grande inspiration et j'essayais de m'accrocher aux défenses qui me transperçaient pour éviter d'être déchiqueté", raconte Paul Templer.

Un guide en canoë réussit à s'approcher de l'homme en détresse. Ce dernier s'agrippe à la poignée et peut ainsi être traîné jusqu'au rocher où se trouvaient les autres participants au safari.

"Mon pied gauche était particulièrement mal en point, on aurait dit que quelqu'un avait essayé de faire un trou avec un marteau. Il ne pouvait pas bouger les bras. L'un de ses bras, du coude jusqu'en bas, était "réduit en bouillie", détaille Paul Templer.

Il réalise également que son poumon est perforé et qu'il a un trou béant dans le dos.

Amputé d'un bras

Finalement, le groupe arrive à reprendre chemin sur leurs embarcations grâce à l'aide d'une équipe de sauvetage zimbabwéenne alertée, malgré un hippopotame qui n'arrête pas de heurter le canoë.

En l'espace d'un mois, Paul Templer a subi de nombreuses interventions chirurgicales. Il a finalement été amputé d'un bras.

L'autre guide tombé à l'eau n'a lui pas survécu. Son corps est retrouvé trois jours plus tard mais ne présentait aucune trace d'attaque animale. Les médecins ont conclu qu'il s'était noyé.

Salomé Robles