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RDC: des centaines de morts lors de massacres dans la région de Beni depuis plusieurs mois

Les massacres ont eu lieu dans la région de Beni, à l'est de la République démocratique du Congo.

Les massacres ont eu lieu dans la région de Beni, à l'est de la République démocratique du Congo. - Capture d'écran - Google Maps

Depuis le lancement le 30 octobre des opérations militaires contre les fiefs du groupe Forces démocratiques alliées (ADF), plus de cent civils ont été tués dans la région de Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo, selon les autorités locales.

Dix civils ont été tués dans la nuit de dimanche à lundi au cours d'une attaque du groupe Forces démocratiques alliées (ADF) dans la région de Beni dans l'est de la République démocratique du Congo. La mission de l'ONU en RDC, Monusco, a quant à elle évacué vers Beni six civils blessés. L'attaque a eu lieu un jour après le massacre de 22 civils dans la même région. 

"Les 22 corps de Ntombi ne sont pas encore enterrés (tués dans la nuit de samedi à dimanche), voilà que d'autres civils ont été tués à Kamango. Pour l'instant, il y a dix corps amenés à la morgue", a déclaré Donat Kibuana, administrateur du territoire de Beni.

Des civils "tués à la machette"

"Les ADF ont fait irruption à Kamango à la nuit tombée. Ils ont tué des civils à la machette et à l'arme à feu. Jusque-là nous avons retrouvé dix corps, il y a aussi 9 blessés", a confirmé Pascal Saambili, responsable de la chefferie de Watalinga. "La population est en débandade".

"À l'arrivée des militaires, ces terroristes ont lancé l'alerte de battre en retraite et de quitter Kamango" en s'exprimant en kiganda, une langue parlée en Ouganda, a expliqué Faustin Basweki, président du comité des jeunes de Kamango, un des témoins du massacre.

En France, les rappeurs Kalash Criminel, Gradur et Bramsito, ainsi que la chanteuse Yseult ont exprimé leur soutien avec la RDC. Leurs messages sont diffusés depuis plusieurs semaines, face à la multiplication des attaques contre les civils en RDC depuis la fin du mois d'octobre.

Plusieurs centaines de civils tués depuis 2014

L'armée congolaise a, en effet, lancé le 30 octobre des opérations contre les fiefs des ADF. Les Casques bleus présents dans la région se sont joints aux opérations fin novembre. En représailles, les membres de ce groupe armé parmi les plus violents dans l'est congolais ont tué au moins 150 civils.

Les autorités congolaises ont affirmé avoir "neutralisé" quatre des dix principaux commandants des ADF et repris certaines de leurs bases autour de Beni.

À l'origine, les ADF étaient identifiés comme des rebelles musulmans ougandais installés en 1995 dans l'est du Congo pour mener des attaques contre Kampala.

Actuellement, ils n'attaquent plus l'Ouganda voisin et sont implantés parmi la population congolaise. Ils sont accusés d'avoir massacré plusieurs centaines de civils depuis octobre 2014 dans la région de Beni.

"Des attaques orchestrées dans le but de briser la confiance de la population"

"Ces attaques barbares sont orchestrées dans le but de briser la confiance de la population et de discréditer" aussi bien les troupes congolaises qui ont lancé des opérations contre les ADF que la mission de l'ONU en RDC (Monusco), a écrit la cheffe de la Monusco, Leila Zerrougui.

Elle a ajouté que "la Monusco travaille à identifier les risques et les personnes à l'intérieur des communautés qui permettent à ces massacres de se poursuivre, en étroite coordination" avec les forces de sécurité congolaises.

Depuis le 28 novembre, le chef d'état-major des Forces armées de la RDC (FARDC), le général d'armée Célestin Mbala s'est installé avec son équipe à Beni. Un autre général d'armée, John Numbi, inspecteur général des FARDC et proche de l'ex-président Joseph Kabila a été envoyé en renfort quelques jours après.

Clément Boutin avec AFP