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Paris dément avoir participé directement à la capture de Gbagbo

Laurent Gbagbo à l'Hôtel du Golf, après son arrestation. Paris a assuré mardi ne pas avoir outrepassé son rôle en Côte d'Ivoire et avoir agi dans le strict cadre de la résolution 1975 des Nations unies pour obtenir la reddition du président sortant. /Imag

Laurent Gbagbo à l'Hôtel du Golf, après son arrestation. Paris a assuré mardi ne pas avoir outrepassé son rôle en Côte d'Ivoire et avoir agi dans le strict cadre de la résolution 1975 des Nations unies pour obtenir la reddition du président sortant. /Imag - -

La France a assuré mardi ne pas avoir outrepassé son rôle en Côte d'Ivoire et avoir agi dans le strict cadre de la résolution 1975 des Nations unies pour obtenir la reddition de Laurent Gbagbo.

Les circonstances de l'arrestation, lundi à Abidjan, du président sortant ivoirien par les forces d'Alassane Ouattara, avec l'appui des forces françaises de Licorne, suscitent des interrogations, côtés français et ivoirien.

Le Parti socialiste et une partie de la gauche française accusent l'armée française d'être intervenue dans l'enceinte du palais présidentiel pour faciliter la capture de Laurent Gbagbo, qui refusait de céder le pouvoir depuis la victoire d'Alassane Ouattara à l'élection présidentielle du 28 novembre dernier.

Selon le député socialiste Julien Dray, "la force française est intervenue de manière ouverte en supplétif des forces d'Alassane Ouattara". Pour Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche, "les conditions dans lesquelles s'est déroulée cette arrestation n'apaiseront pas les Ivoiriens".

Le Parti communiste s'est inquiété pour da part des "traces que laissera (...) le choix fait par la France de la confrontation militaire".

Même l'ancien ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin, tout en approuvant l'opération, a estimé qu'elle pourrait être perçue "comme un retour aux pratiques d'un autre temps" - celui de la "Françafrique".

Le gouvernement français s'est inscrit en faux contre ces interprétations.

"C'est l'armée de Ouattara, les forces républicaines de Côte d'Ivoire qui sont (...) intervenues, qui sont entrées dans le bunker et qui se sont emparées de M. Gbagbo", a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, sur France Info.

Une version strictement "exacte", a assuré Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, sur I>Télé.

DES IMAGES INÉLUCTABLEMENT DISPONIBLES

"La France est intervenue en soutien", "à la demande expresse des Nations unies", ont dit Alain Juppé et Henri Guaino. "Tout le reste, ce sont des procès d'intention", a jugé le chef de la diplomatie française.

Ce dernier a mis en cause la "propagande" des "réseaux" de Laurent Gbagbo en France, qui selon lui "sont très présents au Parti socialiste".

"Les réseaux de M. Gbagbo en France sont encore très puissants et son information, pour ne pas dire sa propagande, est extrêmement efficace", a dit Alain Juppé.

Le porte-parole du gouvernement, François Baroin, a répété que "la France a agi, du point de départ jusqu'à l'arrestation de Gbagbo, dans le cadre des résolutions de la communauté internationale".

"La France a été (...) absolument remarquable et inattaquable qu'on le veuille ou non", a-t-il souligné sur RTL, jugeant les critiques "inacceptables".

"C'est un peu procéder à une méthode de crachat vertical, ça retombe sur l'image de son propre pays", a-t-il poursuivi. "On n'acceptera aucune leçon de morale de quiconque."

Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a assuré que des images de l'opération seraient "inéluctablement disponibles" pour prouver la véracité de la version des autorités françaises.

"Tout est filmé en permanence par les uns et par les autres. (...) Je suis absolument certain que nous aurons des images de toute l'opération, non pas de l'armée française mais de l'ensemble des acteurs, et on saura qu'aucun soldat français, aucun soldat de l'Onuci, de la force de l'Onu, n'est rentré dans la résidence présidentielle", a-t-il dit sur Europe 1.

François Bayrou, président du Mouvement Démocrate, a estimé sur I>Télé que les Français avaient "fait un peu plus que ce qu'on dit" mais que cette action était nécessaire pour "mettre un terme à la guerre civile".

"La France a pris une responsabilité qu'elle ne pouvait pas éluder. (...) On a fait ce qu'on devait faire", a-t-il dit.

Sophie Louet, édité par Yves Clarisse