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Otages libérés: comment se remet-on de trois ans de captivité?

Le 30 septembre 2010, Aqmi avait diffusé une vidéo des otages entourés de leurs ravisseurs en armes.

Le 30 septembre 2010, Aqmi avait diffusé une vidéo des otages entourés de leurs ravisseurs en armes. - -

Les quatre otages libérés ont l'air en bonne santé physique. Qu'en est-il sur le plan psychologique? Trois ans de captivité ne se passent pas sans séquelles.

Claude Larribe, dont le frère Daniel fait partie des quatre otages libérés mardi soir, peinait à masquer son inquiétude malgré sa joie. "Même s'il est très fort au niveau psychologique, je pense que ça va être difficile...", confiait-il à propos de son frère ce mercredi matin à BFMTV. Car après plus de trois ans de captivité -les quatre otages ont été enlevés le 16 septembre 2010 à Arlit, au Niger- , peut-on vraiment retrouver une vie normale?

Dans ce type de situation, "on est broyé dans un contexte extrêmement difficile. Il faut se battre chaque jour, chaque seconde, pendant plus de 1.000 jours", souligne Jean-Louis Normandin, vice-président de l'association "Otages du monde". L'homme sait de quoi il parle: en tant que journaliste, il avait lui-même été retenu en otage au Liban, entre mars 1986 et novembre 1987.

"Méfiance exagérée"

Pendant trois ans, la solitude, la peur constante d'être tué, la sensation d'être déshumanisé envahissent les captifs. Des sentiments qui, sur le long terme, peuvent provoquer "des troubles psychosomatiques", selon le psychologue et criminologue Jean-Pierre Bouchard.

Pour cet expert, les anciens otages peuvent également développer "des conduites de méfiance exagérées à toute prise de risque ou même à toute vie normale, avec des crises d'angoisse et des problèmes de sommeil".

"Enfermés dans un statut d'otage"

Après le retour, le soutien des proches est donc essentiel. La médiatisation, elle, est à double tranchant. "C'est quelque chose qui aide les otages dans un premier temps, car c'est ce qui fait qu'on ne les a pas oubliés. Mais c'est aussi ce qui peut les enfermer dans un statut d'otage, dont ils auront du mal à se défaire", explique Carole Damiani, docteur en psychologie.

M. T. avec Kelly Laffin