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Otages: comment les enfants vont-ils se reconstruire?

La famille Moulin-Fournier, débarquant vendredi sur le tarmac de Yaoundé, après deux mois de captivité au Nigeria.

La famille Moulin-Fournier, débarquant vendredi sur le tarmac de Yaoundé, après deux mois de captivité au Nigeria. - -

BFMTV a interrogé un pédopsychiatre pour tenter de savoir comment les enfants, enlevés au Cameroun avec leurs parents, ont pu vivre leur enlèvement et quelles difficultés ils éprouveront à reprendre le cours de leur vie. Stéphane Clerget, pédopsychiatre nous a confié son analyse.

La famille Moulin-Fournier, enlevée au Cameroun il y a deux mois a été libérée vendredi saine et sauve. Quatre enfants, âgés de 5 à 12 ans figuraient parmi les otages. BFMTV a interrogé le pédopsychiatre Stéphane Clerget pour tenter de savoir comment ces enfants peuvent reprendre le cours de leur vie après un tel événement.

Comment ces enfants vont-ils pouvoir se remettre?

Ce sera difficile, même s'ils sont dans la joie des retrouvailles et dans le fait d'être rassurés. Ils ont été très angoissés et on aussi probablement anticipé jusqu'à la mort.

Ils vont retrouver leur famille. Ce sera un soutien. Et puis ils vont reprendre progressivement leur vie, se remettre sur les rails. Tout cela se fera de façon très progressive et avec un accompagnement psychothérapeutique. ?

Comment les enfants ont-ils vécu ce traumatisme?

Il y a plusieurs traumatismes, celui de l'enlèvement par des gens inconnus et la captivité. Pour les plus petits, le fait d'être avec les parents est rassurant. Le discours qu'on leur a tenu est également important. Il est probable qu'on leur ait tenu un discours de réassurance et d'espoir. Ce qui a pu rassurer les petits, même s'il ont été contaminés par l'angoisse des parents.

Les tout petit s'adaptent plus que les plus grands. Le plus grand a probablement anticipé les risques. Ils se sont sans doute protégés mutuellement. Le plus grand était donc protecteur avec les petits et inquiet ses parents.

Quid du syndrome de Stockholm?

Des échanges sont en effet possibles avec les ravisseurs. Peut-être même que des relations se sont tissées. L'attachement des personnes enlevées à leur ravisseur est tout à fait possible.

Les enfants auront-ils des séquelles?

Pas forcément. Le dénouement est heureux. Et puis ils n'ont pas été séparés de leur famille. Il va y avoir une prise en charge, un accompagnement. Mais en tout cas c'est un événement de vie majeur, qui va les transformer.

Bien sûr que c'est une épreuve, mais ils étaient dans un pays qu'ils connaissaient. Ce sont des enfants qui ont déjà un vécu, qui ont déjà beaucoup voyagé avec leur parents. Cela permet de s'adapter à des situations nouvelles. Ils avaient peut-être cette force-là. Et puis c'est une famille très croyante, très pratiquante. La foi a pu avoir une fonction protectrice.

Retourner vivre au Cameroun est-il une bonne chose pour les enfants?

La famille vit dans le pays depuis 2003. Il est tout à fait possible que les enfants aient envie de retourner chez eux et que le chez eux, ce soit le Cameroun. Il faudra voir au cas par cas, prendre l'avis des spécialistes qui vont les suivre, tenir compte des réticences de chacun, et puis bien préparer ce retour.

Sur le plan du traumatisme, cela peut être réparateur de revenir dans le pays. Mais ça peut être facteur d'angoisse, on ne peut pas savoir à l'avance.

M.R.