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Afrique

Otages au Sahel : "Il faut cesser la politisation"

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La France a dit, mercredi, exiger "la libération sains et saufs" des Français otages au Sahel au lendemain d'un message d'Al-Qaïda accusant Paris de bloquer les négociations. Des négociations sont-elles possibles ? Analyse de Mathieu Guidère, spécialiste.

Aqmi a reproché mardi au gouvernement français de bloquer les négociations pour la libération des quatre otages français enlevés en septembre 2010 au Niger. Le lendemain, Paris a exigé "la libération sains et saufs" de ses ressortissants. Des négociations sont-elles possibles ? Le point sur la situation avec Mathieu Guidère, spécialiste de veille stratégique sur le monde musulman et arabe.

Quand Al-Qaïda parle négociations, faut-il entendre négociations d'argent ?

Les revendications ont évolué dans le temps. Au début, il y a deux ans et trois mois, celles-ci étaient davantage politiques que financières. Depuis la mort de Ben Laden, le dossier a été récupéré par Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique, ndlr), et il est question, en effet, d’argent contre les otages.

Au total, en Afrique il y a neuf otages, dont huit au Sahel et un en Somalie. Les négociations ont besoin de discrétion ?

Il faut clarifier les choses au lieu de rester dans la discrétion nécessaire dans ce type d’opérations, comme le fait le gouvernement. Nous n’avons rien à perdre dans la transparence, il s'agit de mettre les terroristes face à leurs responsabilités. Dans leur esprit chaque citoyen français représente le gouvernement ou la politique étrangère de la France. Il faut casser cette idée.

Comment procèdent les autres pays ?

Pour rappel, tous les grands pays ont eu des otages... les Américains, les Canadiens, les Suisses, les britanniques, les Espagnols. Ce risque est en fait couvert par des sociétés d’assurance, y compris le paiement de rançons. Il ne faut pas que le gouvernement français soit sur le devant de la scène, cela éviterait la politisation extrême de ce type de dossier. Et permettrait de libérer les otages plus rapidement. Cessons la politisation des otages.