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Offensive d'envergure contre Boko Haram après son allégeance à l'Etat islamique

Des soldats tchadiens près de Gamboru au Nigeria, le 1er février 2015

Des soldats tchadiens près de Gamboru au Nigeria, le 1er février 2015 - Marle - AFP

Les armées du Tchad et du Niger sont entrées en action au Nigéria contre Boko Haram.

Les armées tchadienne et nigérienne ont lancé dimanche une offensive aérienne et terrestre d'envergure au Nigeria contre les islamistes de Boko Haram, au lendemain de l'"allégeance" par le groupe au mouvement jihadiste Etat islamique (EI).

"Une offensive est en cours contre Boko Haram", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale : "Très tôt ce matin, les troupes nigériennes et tchadiennes ont déclenché une offensive contre Boko Haram, sur les deux fronts, dans la zone de Bosso et près de Diffa".

Des milliers de soldats nigériens et tchadiens étaient positionnés depuis plus d'un mois en posture défensive dans la province de Diffa, sous le feu de Boko Haram.

La veille, Abubakar Shekau, chef des insurgés nigérians, avait annoncé son allégeance à l'EI, formalisant cette déclaration sur Twitter dans un enregistrement audio de huit minutes en arabe, sous-titré en français et en anglais, promettant de "faire enrager les ennemis d'Allah".

Les massacres se multiplient

Cette offensive d'envergure intervient à un moment clé. L'offensive régionale lancée fin janvier par le Tchad, le Cameroun et le Niger - eux aussi touchés par des attaques islamistes dans la région du Lac Tchad - a porté des coups aux jihadistes, qui ont dû abandonner plusieurs positions dans l'extrême nord nigérian.

Boko Haram, dont on évalue le nombre de combattants à plusieurs milliers et qui n'a cessé de recruter, continue à multiplier les attentats sanglants dans les grandes villes du Nord et les massacres de villageois dans les zones reculées, au Nigeria et parfois dans les pays voisins. Samedi, au moins 58 personnes sont mortes et 139 autres ont été blessées dans trois explosions attribuées aux islamistes à Maiduguri, fief historique de Boko Haram et capitale de l'Etat de Borno.

Des élections prévues à la fin du mois

Le même jour, l'armée nigériane a annoncé avoir repris de nouvelles localités du Nord-Est aux islamistes: Buni Yadi et Buni Gari, dans l'Etat de Yobe, ainsi que Marte, dans l'Etat de Borno. Menacé, le groupe islamiste rassemblait cette semaine des troupes dans son fief de Gwoza, tandis que les massacres de civils se poursuivaient.

Si l'annonce du ralliement à l'EI est le premier serment d'allégeance formel de Boko Haram à Baghdadi, des signes de rapprochement entre les deux groupes étaient visibles ces derniers mois. Boko Haram et l'EI "ont essuyé de nombreux échecs ces dernières semaines et ces derniers mois", et le serment d'allégeance "pourrait être une façon de lancer un message à leurs troupes, pour leur regonfler le moral et attirer de nouvelles recrues, surtout dans le cas de Boko Haram", explique Yan St-Pierre, expert en lutte contre le terrorisme pour l'entreprise berlinoise Modern Security Consulting.

Des experts ont averti que les attaques risquaient de se multiplier à l'approche des élections présidentielle et législatives du 28 mars.

A. D. avec AFP