BFMTV
Afrique

Nigeria: l'offensive de l'armée terrorise la population

Des soldats patrouillent dans les rues, comme à Baga, le 30 avril dernier.

Des soldats patrouillent dans les rues, comme à Baga, le 30 avril dernier. - -

Les Nigérians, exposés aux violents affrontements entre l'armée et les insurgés islamistes de Boko Aram, tentent de fuir par tous les moyens.

Des habitants fuyaient leurs villages samedi dans le nord-est du Nigeria, craignant d'être touchés par les combats entre les insurgés islamistes de Boko Haram et l'armée qui a lancé contre eux une vaste offensive ayant déjà fait plusieurs dizaines de morts officiellement.

A Maiduguri, le fief du groupe islamiste, l'armée a imposé un couvre-feu de 24h/24 dans certains quartiers. Cette offensive pourrait être la plus importante jamais menée contre le groupe islamiste, et c'est la première fois que l'armée a recours à des frappes aériennes sur son propre sol depuis 25 ans.

Le Nigeria a lancé une offensive majeure contre le groupe islamiste cette semaine, déployant plusieurs milliers de soldats dans trois États de cette région, où l'état d'urgence a été décrété pour reconquérir des zones passées sous contrôle des insurgés. L'armée avait annoncé vendredi avoir tué "plusieurs dizaines" d'insurgés et avoir détruit des camps de "terroristes" et "des armes lourdes, dont des canons anti-aériens et anti-char".

"Nous n'avions ni eau, ni nourriture"

Des habitants de Marte, un des districts contrôlés par Boko Haram, dans le nord de l'Etat de Borno, ont fui en direction de la frontière camerounaise, effrayés par les bruits d'explosions et face aux pénuries sur place. "C'était effrayant ces trois derniers jours, les avions et les hélicoptères de combat n'ont pas cessé de sillonner le ciel et on entendait d'énormes explosions au loin", a rapporté Buba Yawuri, un habitant du village de Kwalaram, à Marte, qui a trouvé refuge dans la ville frontalière nigériane de Gomboru Ngala.

"On nous a demandé de ne pas sortir, les combattants de Boko Haram étaient poursuivis par les soldats, nous n'avions ni eau, ni nourriture, je ne pouvais plus tenir", a-t-il raconté. Buba Yawuri a dû prendre la fuite en cachette, parce que "les soldats n'ont autorisé que les femmes et les enfants à partir".

Le réseau de téléphonie mobile ne fonctionne pratiquement plus dans tout l'Etat de Borno, épicentre de l'insurrection islamiste, depuis le décret ayant instauré l'état d'urgence. Cette région très isolée et faiblement peuplée a des frontières extrêmement poreuses, et les groupes criminels ainsi que les armes y vont et viennent librement depuis des années. Mais l'armée nigériane a été accusée elle aussi de violations des droits de l'homme pendant les campagnes de répression menées contre Boko Haram. Ce conflit a fait environ 3.600 morts depuis 2009 selon Humans Rights Watch.


A LIRE AUSSI:

>> Nigeria: le président déclare l'état d'urgence dans trois Etats

>> Nigeria: Boko Haram revendique des attaques dans une video