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Nigeria: au moins 80.000 déplacés dans le centre du pays après des violences intercommunautaires

Des militaires au Nigeria, le 3 novembre 2022 (PHOTO D'ILLUSTRATION)

Des militaires au Nigeria, le 3 novembre 2022 (PHOTO D'ILLUSTRATION) - Audu Marte / AFP

Depuis mai, une partie du Nigeria est en proie à de graves violences entre agriculteurs et éleveurs. Selon les autorités locales, les attaques ont fait plus de 300 morts.

Au moins 80.000 personnes ont été déplacées ces trois derniers mois dans le centre du Nigeria, théâtre de violences intercommunautaires sanglantes où l'armée a envoyé des renforts, a déclaré un responsable local. Le nord-ouest et le centre du Nigeria sont régulièrement le théâtre de tensions et conflits meurtriers autour de l'exploitation de la terre et des ressources en eau.

"Il y a environ 80.000 déplacés dans onze camps" à Mangu, épicentre des violences dans le Plateau, a déclaré Markus Artus, haut-responsable local.

Près de 18.000 d'entre eux sont hébergés dans une école primaire faisant office de camp de fortune à Mangu, a ajouté Markus Artus. L'un des coordinateurs du camp, Yamput Daniel, a donné une estimation similaire.

Le chef d'état-major de l'armée nigériane, le général Taoreed Lagbaja, s'est rendu samedi à Mangu pour marquer le début d'opérations spéciales visant à "éradiquer" la crise.

Des milliers de personnes dans des camps

Dans l'école, des milliers de personnes dorment dans des salles de classe, survivant grâce à de maigres provisions et aux dons de maïs des églises locales.

"La crise a fait de nous des sans-abri, nos terres agricoles ont été détruites et nous devons nous débrouiller pour vivre dans cette école primaire", a déploré Grace Emmanuel, 70 ans, l'une des déplacées.

"Ce n'est pas facile, nous n'avons pas de quoi manger, nous allons chercher de l'eau au puits, parfois l'eau n'est pas suffisante pour des milliers d'entre nous", a-t-elle ajouté.

L'armée a déplacé temporairement le quartier général de sa campagne militaire régionale "Safe Haven" à Mangu. Près de 300 soldats et des véhicules blindés ont été envoyés en renfort.

L'enchaînement de meurtres suivis de représailles et l'absence de justice efficace ont favorisé l'émergence dans la région d'une criminalité plus large avec des gangs qui mènent des expéditions dans des villages, où ils tuent des habitants par dizaines et procèdent à des enlèvements contre rançon.

A.G avec AFP