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Niger: les dirigeants putschistes accusent la France de "vouloir intervenir militairement"

Le général Tiani, à l'origine du coup d'État au Niger, ici à la télévision le 28 juillet 2023.

Le général Tiani, à l'origine du coup d'État au Niger, ici à la télévision le 28 juillet 2023. - ORTN - Télé Sahel / AFP

Dans un communiqué, les dirigeants putschistes ont accusé la France de rechercher "des voies et moyens pour intervenir militairement au Niger" pour rétablir le président déchu Mohamed Bazoum.

Les militaires nigériens qui ont renversé le président élu Mohamed Bazoum ont accusé la France de vouloir "intervenir militairement" pour le rétablir dans ses fonctions, indique un communiqué lu lundi à la télévision nationale.

"Dans sa ligne de conduite, allant dans le sens de la recherche des voies et moyens pour intervenir militairement au Niger, la France, avec la complicité de certains Nigériens, a tenu une réunion à l'état-major de la Garde nationale du Niger, pour obtenir des autorisations politiques et militaires nécessaires", indique le communiqué.

Mise en garde de Paris après l'attaque de l'ambassade

Dans autre communiqué, les putschistes accusent "les services de sécurité" d'une "chancellerie occidentale", sans préciser laquelle, d'avoir tiré dimanche à Niamey du gaz lacrymogène sur des manifestants soutenant la junte, avec "pour conséquence six blessés, pris en charge par les hôpitaux" de la capitale.

Le président français Emmanuel Macron a menacé dimanche de répliquer "de manière immédiate et intraitable" à toute attaque contre les ressortissants de la France et ses intérêts au Niger, où des milliers de manifestants favorables au putsch militaire ont ciblé son ambassade à Niamey.

Certains ont voulu y entrer, avant d'être dispersés par des tirs de grenades lacrymogènes. Le Niger est un partenaire stratégique de la France qui compte actuellement quelque 1.500 militaires dans ce pays clef dans la lutte antijihadiste.

Le camp du président déchu dément

Invité sur BFMTV, Daouda Takoubakoye, le directeur adjoint du cabinet du président déchu, a infirmé ces déclarations et estimé qu'il ne "sait pas" d'où les putschistes "tiennent leurs informations" concernant une potentielle action militaire française pour rétablir Mohamed Bazoum.

"Même s'il y a intervention militaire, ce ne sera pas la France qui la fera, ce sera la Communauté économiques des États d'Afrique de l'ouest (Cédéao)", a commenté le directeur adjoint.

Il a aussi rappelé que la charte de la Cédéao "prévoit dans ses statuts le recours à la force pour rétablir l'ordre constitutionnel normal".

Il s'agit en l'occurrence de l'article 58 de sa charte, qui prévoit "de mettre en place (...) des forces de maintien de la paix" afin d'"œuvrer à la préservation et au renforcement des relations propices au maintien de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans la région".

Plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest ont fixé dimanche un ultimatum d'une semaine à la junte militaire au Niger pour un "retour complet à l'ordre constitutionnel", affirmant ne pas exclure un "recours à la force" si ce n'était pas le cas. La France a salué "les décisions prises par les chefs d'Etat" de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) réunis à Abuja.

G.G. avec AFP