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Maroc: condamné pour homosexualité, il fait 26 jours de prison

Manifestation devant le tribunal où deux homosexuels marocains victimes d'une agression étaient jugés, lundi,  à Beni Mellal.

Manifestation devant le tribunal où deux homosexuels marocains victimes d'une agression étaient jugés, lundi, à Beni Mellal. - Fadel Senna - AFP

Deux homosexuels tabassés par un groupe d'individus, début mars, au Maroc, qui avaient été condamnés à des peines de prison par la justice marocaine, ont finalement été relâché lundi. L'affaire avait suscité un tollé dans le milieu associatif marocain, et provoqué l'indignation en France.

L'affaire avait retenti jusqu'en France, au mois de mars. La justice marocaine a rendu son verdict, lundi, dans l'affaire de l'agression de deux homosexuels par plusieurs jeunes gens, début mars, à Beni Mellal, dans le centre du Maroc. Le procès avait suscité une vive polémique à l'international, puisqu'il prévoyait des peines plus lourdes pour les victimes, les deux homosexuels, que pour leurs agresseurs, l'homosexualité étant considérée comme un délit passible de prison, au royaume chérifien.

Une agression très violente

Les faits jugés remontent au 9 mars lorsque plusieurs individus avaient fait irruption dans un appartement de Beni Mellal et agressé deux homosexuels. Une vidéo de l'agression, particulièrement violente, avait circulé sur Internet. Elle montrait les deux victimes dénudées, le visage en sang, se faire violemment frapper, avant d'être traînées dans la rue. 

Comme leurs agresseurs, les victimes avaient été arrêtées, l'une le jour même, et l'autre le 25 mars. La violence de cette agression homophobe et le procès intenté aux deux victimes avaient soulevé un tollé dans une partie du milieu associatif marocain, qui réclame l'abrogation de l'article 489 du code pénal, qui criminalise "les actes licencieux ou contre-nature avec un individu du même sexe". 

Début avril, alors qu'ils tentaient d'enquêter sur cette agression, des journalistes du Petit Journal de Canal Plus avaient été expulsés du Maroc.

Les victimes condamnées, puis relâchées

Le 15 mars, la justice avait condamné la victime arrêtée le 9 mars à quatre mois de prison ferme pour "actes sexuels contre-nature", l'équivalent d'homosexualité au Maroc. Mais retournement de situation ce lundi: la cour d'appel de Beni Mellal a finalement décidé de le relâcher, après 26 jours passés en prison.

Parallèlement, le tribunal de première instance de Beni Mellal a condamné à 4 mois de prison avec sursis la seconde victime, jugée pour "déviance sexuelle".

Prison ferme pour les agresseurs

Leurs agresseurs étaient également jugés en première instance pour "entrée par effraction, de recours à la violence et de port d'armes". L'un d'entre eux a écopé de six mois de prison ferme et un autre de quatre mois ferme, tandis que deux autres ont été relaxés. Un cinquième doit comparaître ce mercredi devant un tribunal pour mineurs. 

A la lecture du verdict, lundi, les proches des agresseurs ont dénoncé une "injustice", et des habitants de Beni Mellal se sont réunis devant le tribunal pour protester et réclamer leur libération. Des manifestations qui n'ont rien d'étonnant, l'opinion publique marocaine étant globalement assez défavorable aux droits des homosexuels. 

Adrienne Sigel, avec AFP