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Maroc: cinq jeunes arrêtés pour ne pas avoir respecté le ramadan

La célèbre place Jemaa-el-Fna, à Marrakech, et ses stands de restauration et de jus d'orange, le 6 juin 2015.

La célèbre place Jemaa-el-Fna, à Marrakech, et ses stands de restauration et de jus d'orange, le 6 juin 2015. - Fadel Senna - AFP

Alors que deux jeunes Marocaines attendent le verdict de leur procès pour "outrage à la pudeur" après avoir porté une robe, une nouvelle arrestation pourrait à nouveau attiser la polémique, au Maroc: cinq jeunes hommes ont été interpellés lundi, à Marrakech, pour avoir rompu publiquement le jeûne du ramadan, et risquent jusqu'à six mois de prison. 

Ils encourent un à six mois de prison. Cinq jeunes Marocains ont été arrêtés à Marrakech, dans le sud du pays, pour ne pas avoir respecté le jeûne du ramadan, observé dans le monde musulman depuis le 18 juin. Ils devaient être présentés à un juge ce mercredi, selon une association marocaine de défense des droits de l'homme.

Un jus d'orange sur la plus grande place de la ville

Les faits remontent à lundi, lorsque les cinq jeunes ont accompagné un ami à l'aéroport. Epuisés par la chaleur caniculaire qui frappe le Maroc depuis quelques jours - la température est montée jusqu'à plus de 45 degrés ces derniers jours à Marrakech - les jeunes gens se sont offert un jus de fruit qu'ils ont bu en public, en plein milieu de l'emblématique place Jemaa el-Fna, située à l'hypercentre de cette ville très touristique. Selon Omar Arrib, le président de l'association marocaine, ce sont les vendeurs de jus d'orange de la place qui auraient eux-mêmes prévenu la police.

La réaction des autorités a été immédiate: les jeunes devaient être entendus par un juge ce mercredi. Ils encourent un à six mois de prison.

Une peine inscrite dans la loi

Le mois sacré du ramadan est très respecté dans le royaume. Et le cas des jeunes Marrakchis figure précisément dans le code pénal marocain, qui stipule dans son article 222 que "celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du ramadan, sans motif admis par cette religion", est passible d'un à six mois de prison et d'une amende de 18 euros. Cette disposition légale est appliquée de manière très stricte chaque année, au moment du jeûne, ce qui lui vaut d'être largement critiquée par les associations de défense des droits de l'homme du pays.

Deux jeunes Marocaines jugées pour "outrage à la pudeur"

Au Maroc, cette nouvelle affaire intervient alors que le procès de deux femmes pour "outrage à la pudeur" s'est ouvert lundi, dans la ville d'Agadir. Les deux jeunes Marocaines avaient été interpellés le 14 juin dans cette station balnéaire de la côte atlantique du pays, alors qu'elles se promenaient vêtues de robes sur un marché. Des tenues jugées "contraires aux bonnes moeurs" par les habitants du quartier où elles se trouvaient, qui ont appelé la police.

Agées de 23 et 19 ans, elles risquent entre un mois et deux ans de prison, selon l'article 483 du code pénal, qui stipule que "quiconque, par son état de nudité volontaire ou par l'obscénité de ses gestes ou de ses actes, commet un outrage public à la pudeur, est puni de l'emprisonnement d'un mois à deux ans et d'une amende de 120 à 500 dirhams" (soit de 11 à 46 euros environ). Le verdict sera connu le 13 juillet.

Leur arrestation a choqué l'opinion publique marocaine, et des rassemblements de soutien aux deux jeunes femmes ont été organisés dans plusieurs villes du pays, à Agadir, Casablanca, ou encore Rabat. Une pétition intitulée "Mettre une robe n'est pas un crime" a par ailleurs été lancée sur la plateforme Avaaz le 22 juin dernier, et a d'ores et déjà recueilli plus de 26.500 signatures.

A.S.