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Mali: la famille de l'otage Sophie Pétronin déplore l'inaction du gouvernement français

Al-Qaïda au Mali a diffusé, samedi, une vidéo non datée montrant six otages étrangers. Parmi eux, l'humanitaire française Sophie Pétronin, enlevée en décembre dernier à Gao. Un soulagement pour sa famille, qui déplore toutefois le silence du gouvernement sur cette affaire.

Après des mois d'attente, les proches de Sophie Pétronin, cette humanitaire française enlevée par des hommes armés en décembre 2016 à Gao, au Mali, ont enfin eu une preuve de vie, samedi, avec la diffusion par Al-Qaïda au Mali d'une vidéo montrant six otages étrangers. Parmi eux, l'otage française, âgée de 66 ans. Aucun groupe n'avait jusqu'à présent revendiqué le rapt de la Française, qui dirigeait une association d'aide à l'enfance, à Gao. 

"J'aurais bien aimé que quelqu'un du gouvernement m'appelle"

Ses proches, soulagés par cette "première preuve de vie", s'étonnent toutefois du silence des autorités françaises sur le sort de Sophie Pétronin. "Ce que je me dis c'est que là on est à plus de six mois. Pendant six mois, on a été en contact avec le Quai d'Orsay. Il y avait ci, il y avait ça. En définitive, il n'y avait rien", fait valoir son époux, Jean-Pierre Pétronin, contacté par BFMTV. 

"Aujourd'hui, je me pose la question: est-ce que nos autorités d'avant, ou même de maintenant, font vraiment ce qu'il faut, font vraiment ce qu'il faut pour cet otage, pour mon épouse?", interroge-t-il, avant d'expliquer ne pas avoir été contacté par le gouvernement.

"J'aurais bien aimé que quelqu'un du gouvernement au moins m'appelle, ou appelle mon fils. Mais non, rien ne se passe. Est-ce qu'ils font quelque chose dans l'ombre? Mais on voit bien que dans l'ombre ça n'avance pas. Je sais bien que mon épouse n'est rien à leurs yeux, ce n'est pas une journaliste, ce n'est pas une PDG d'une multinationale. Mais c'est tout de même une compatriote française", développe Jean-Pierre Pétronin. 

Des allers-retours dans la région

"C'est toujours rassurant d'avoir une preuve de vie, une vidéo. C'est rassurant mais ce n'est pas non plus une grande nouvelle", estime pour sa part son fils, Sébastien Pétronin, qui explique s'être rendu sur place à plusieurs reprises.

"Avec nos petits moyens, on y est allé. On est allé dans les pays voisins, on a multiplié les contacts, on s'est créé de nouveaux contacts, on a rencontré des gens, on a fait des appels du pied à certaines personnes qui nous semblaient susceptibles de nous aider dans cette affaire. On a beaucoup avancé", détaille-t-il. 

"Je n'ai pas la prétention de dire que l'on a plus avancé que le gouvernement ou qui que ce soit qui s'intéresse à cette affaire, mais on est pas resté dans l'immobilisme. Ce n'est pas un petit classeur que l'on a sur cette affaire. On bosse", ajoute Sébastien Pétronin. Et de rappeler que l'âge de sa mère, 66 ans, nécessite d'aller vite.

"Son anniversaire aura lieu dans quelques jours. Son âge fait qu'elle ne peut pas attendre trois ans de négociations. Il faut qu'on trouve une solution pour la sortir de là, parce que sinon on va apprendre une mauvaise nouvelle d'un jour à l'autre", avertit-il. 

Installée à Gao depuis 2001

Sophie Pétronin connaît bien le Mali. Installée dans le pays depuis une vingtaine d'années, ce médecin originaire de la région de Bordeaux gérait depuis seize ans son ONG. Avec "Aide à Gao", elle venait en aide aux enfants mal nourris dans son orphelinat, installé dans un quartier populaire de Gao, ville où elle était basée depuis 2001. 

Dans la vidéo diffusée samedi, la Française apparaît avec cinq autres otages étrangers: l'Australien Arthur Kenneth Elliott, âgé de 82 ans, le Sud-Africain Stephen McGown, enlevé par Al-Qaïda dans le nord du Mali en novembre 2011, le Roumain Iulian Ghergut, enlevé en avril 2015 au Burkina Faso, la missionnaire suisse Béatrice Stockly, kidnappée en janvier 2016 par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et la religieuse colombienne Gloria Cecilia Narvaez Argoti, enlevée en février 2017 au Mali.

A la fin de la vidéo, et sans formuler aucune demande, un homme assure aux familles des otages qu'"aucune véritable négociation n'a commencé" pour leur libération, tout en affirmant que des discussions sont "toujours actives".

Adrienne Sigel