Le scrabble djihadiste au Sahel

Les groupes appelant à la défense de l'Islam, la prédication et la lutte contre l'Occident se multipluient au Sahel. S'ils n'étaient pas meurtriers on pourrait même en rire. Le point du vue du spécialiste géopolitique de BFMTV.

Alors que tourne la vidéo Youtube sur l'infortunée famille Moulin-Fournier, il y a aussi autre chose qui tourne, qui valse: le jeu des noms de djihadistes. Al-Qaïda, cela est simple dans les débuts: la Base.

La base de quoi? Le débat reste ouvert depuis les années 90 en Afghanistan. Ensuite Aqmi, Al-Qaïda au Maghreb Islamique, est-ce le Maghreb qui est islamique ou Al-Qaïda?

Puis il y a eu le MNLA, un bon vieux sigle anticolonialiste: Mouvement National de Libération de l'Azawad, mais remarquez que cela n'est pas djihadiste, ni même vraiment musulman, et surtout touareg et anti-colonisation malienne (eh non, la France coloniale n'est plus concernée)...

Je ne devrais pas les mettre dans un scrabble djihadiste, mais ils sont aux prises et parfois aux côtés d'autres groupes pour quelques instants. Comme par exemple avec Ansar Dine: les défenseurs de la religion, mouvement presque entièrement touareg. Cela ne fait pas un sigle, mais voilà qu'à côté d'eux a surgi Ansar Charia, au Mali! Alors qu'il y a des Ansar Charia ailleurs dans le monde, notamment en Libye. Trop de monde veut être "Ansar".

Enfin, il y a le Mujao, Mouvement pour l'Unicité et le Jihad en Afrique occidentale. Leur nom arabe comporte une série de mots que l'on retrouve chez deux groupes nigérians, Ansaru et Boko Haram de leurs petits noms, mais dont les nom officiels sont longs avec de nombreux concepts comme foi, prédication, défenseurs, mouvement, armée, etc...

Puis il y a de nouveaux groupes qui sortent de la soupe au lettres des enfants du Nord-Mali: le MIA (Mouvement islamique de l'Azawad), le MAA (Mouvement arabe de l'Azawad), le FNLA (Front national de libération de l'Azawad). Mais pas un jeu d'enfant: tous meurtriers, tous (sauf le MNLA) pour le djihad contre l'Occident sous toutes ses formes, et presque tous mêlés à trafics et enlèvements multiples.

Il faut dire de leurs membres que n'ayant pas d'emplois quotidiens stables, et ne pointant pas à Pôle Emploi, il faut bien qu'ils se financent, à moins que des mécènes du Machrek et du Golfe viennent leur arrondir leurs fins de mois meurtriers. Et ils jouent le jeu de la transmutation de leur nom avec autant de brio qu'un spécialiste du blanchiment d'argent.

Harold Hyman