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Afrique

Mali : Abou Zeïd, un des principaux chefs d'Aqmi, aurait été tué

Soldats maliens à Gao. Les forces françaises intervenant dans le nord du Mali ont tué Abdelhamid Abou Zeïd, l'un des chefs les plus craints d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Soldats maliens à Gao. Les forces françaises intervenant dans le nord du Mali ont tué Abdelhamid Abou Zeïd, l'un des chefs les plus craints d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). - -

Selon une chaîne d’information algérienne, l’un des principaux leaders d’Al Qaïda au Maghreb islamique, Abou Zeïd, aurait été tué dans une opération de l’armée française. Connu pour ses enlèvements d’occidentaux dans le Sahara, sa mort pourrait influer sur le sort des otages français.

Les forces françaises intervenant dans le nord du Mali ont tué Abdelhamid Abou Zeïd, l'un des chefs les plus craints d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), rapporte jeudi la chaîne de télévision algérienne Ennahar. D'après Ennahar, bien informée auprès des services de sécurité algériens, 40 combattants islamistes, dont Abou Zeïd, ont été tués il y a trois jours par les forces françaises dans les contreforts du massif de l'Adrar des Ifoghas, près de la frontière algérienne.
À Paris, le ministère français de la Défense a refusé de s'exprimer à ce sujet. Les autorités algériennes, maliennes et tchadiennes n'ont pas confirmé l'information. Un responsable militaire français, qui n'a pas voulu s'exprimer spécifiquement sur Abou Zeïd, a confirmé qu'une quarantaine d'islamistes avaient été tués lors de violents affrontements dans la région du massif de Tigharghar sur la semaine écoulée.
Dix sites logistiques et de fabrication d'explosifs ont été détruits dans l'opération, ainsi que 16 véhicules, précise-t-on. Quelque 1 200 militaires français, 800 soldats tchadiens et certains éléments de l'armée malienne combattent toujours dans le secteur du sud de Tessalit.

« Ça ne veut pas dire qu’Aqmi va disparaître »

Si sa mort venait à être confirmée, ce serait un coup dur pour le groupe, pense Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris (Institut de recherches internationales et stratégiques) en charge de l’Afrique, mais un coup qui ne serait pas fatal. « C’est une victoire militaire, ça veut dire que les services de renseignement ont fonctionné à la perfection. Mais on ne va pas dire qu’Aqmi va disparaître parce qu’un de ses chefs importants disparait. Mais ça c’est vrai que ça l’affaiblit parce qu’Abou Zeïd était quand même l’un des leaders du mouvement. Il faut savoir qu’il y a toujours des jeunes sans emploi ni revenu qui sont prêts, évidemment, à être recrutés dans ces mouvements qui leur donnent des armes et l’accès à des revenus, à commencer par les revenus de la drogue ».

« Ça peut entraîner des politiques extrémistes »

Faut-il espérer, alors, que les quatre otages français, salariés d’Areva enlevés au Niger en 2010, ont de nouveaux espoirs ? Pas si simple, nous dit Philiippe Hugon. « A priori, ça donne peut-être plus d’opportunité pour que les otages pris au Niger soient négociés et puissent être libérés. Mais il est aussi fort possible qu’il y ait des vengeances. C’est pour ça qu’il faut être prudent : ça peut entraîner des politiques extrémistes ».

A l'origine d'une vingtaine d'enlèvements

Abou Zeïd, d'origine algérienne, était l'émir des zones sud contrôlées par Aqmi. Ancien trafiquant devenu djihadiste, il était présenté comme l'un des chefs les plus cruels de l'organisation. On lui attribue l'enlèvement d'une vingtaine d'occidentaux dans le Sahara ces cinq dernières années, qui ont rapporté plusieurs millions de dollars à Aqmi en paiement de rançons.
On estime qu'il a procédé à deux exécutions, celle du Britannique Edwin Dyer en 2009 et celle en 2010 du Français Michel Germaneau, qui avait 78 ans. Robert Fowler, un diplomate canadien qui fut otage au Sahara, a raconté comment Abou Zeïd avait refusé de fournir des médicaments à deux otages souffrant de dysenterie, dont l'un avait été piqué par un scorpion. Après la prise de contrôle du nord du Mali par des groupes d'islamistes en avril 2012, Abou Zeïd avait pris le contrôle de Tombouctou, mettant en œuvre une forme de charia extrême avec amputations et détruisant des lieux saints soufis.

Parti avec plusieurs otages

Des habitants de Tombouctou ayant directement traité avec lui durant l'occupation islamiste de la ville, le décrivent comme un homme de petite taille à la barbe grise et à l'allure calme mais stricte, toujours armé d'une kalachnikov. Quand il a fui Tombouctou, avant la prise de l'ancien comptoir commercial par les forces françaises et maliennes, il a emmené avec lui plusieurs otages occidentaux les yeux bandés, racontent des habitants.
Né en 1965 dans la région de Debdab dans la province algérienne d'Illizi proche de la frontière libyenne, Abou Zeïd avait rejoint le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) durant la guerre civile des années 1990. Le GSPC est ensuite devenu Aqmi.
Abou Zeïd est réputé pour être sans concession. Il serait beaucoup plus dur que son compatriote Mokhtar Belmokhtar, cerveau de la prise d'otages massive du mois dernier sur le site gazier d'In Amenas dans le Sahara algérien. La rivalité entre les deux hommes au sein d'Aqmi expliquerait, selon certains analystes, la décision de Belmokhtar prise l'an dernier de fonder sa propre brigade.

M. Chaillot avec Anne-Laure Poisson et Reuters