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Libye

"Je les ai trouvés tous morts": Haithan raconte la perte de ses proches dans les inondations en Libye

Le passage de la tempête Daniel a laissé derrière lui une partie de la Libye sinistrée, ainsi que 11.000 morts au moins. Parmi eux, la famille d'Haithan.

La Libye déplore au moins 11.000 morts après le passage meurtrier de la tempête Daniel dans la nuit du 10 au 11 septembre. Une ville au nord-est du pays est particulièrement meurtrie: Derna. C'est là que vit Haithan, un professeur de français. Le visage lourd, il raconte à BFMTV avoir perdu une partie de sa famille.

Le jour de la montée des eaux, il était auprès d'eux. Il s'est rendu chez son oncle pour essayer de lui venir en aide ainsi qu'à ses cousins. "J'ai commencé à les appeler, à crier, mais personne ne répondait", se souvient-il. "Et là, j'ai découvert qu'ils étaient dans la même chambre (...) ils s'apprêtaient à sortir, mais [l'inondation] a été trop rapide pour eux".

"Je les ai trouvés tous morts, l'un sur l'autre. Il y avait mon oncle qui était accroché au plafond, je ne sais pas comment ça s'est passé", raconte le professeur, visiblement marqué par cette vision.

"J'ai sorti les cadavres"

Le jour du passage de la tempête, Haithan s'en est lui-même sorti de peu. Il a cependant réussi à sauver ses parents, ses deux soeurs, son frère ainsi que sa famille. Il les a prévenus de la montée des eaux, alors que ceux-ci étaient installés au rez-de-chaussée, zone plus exposée.

"Je suis monté à l'étage et l'eau me suivait, j'ai pu aider mes parents à sortir par la fenêtre et à monter sur le toit", se remémore-t-il.

Cet épisode traumatique n'est cependant pas la fin de l'histoire. Haithan a dû vivre les suites de ce drame. Il explique avoir "sorti les cadavres" de ses proches, les avoir amenés à l'hôpital, puis jusqu'au cimetière pour les enterrer. Face à un nombre de morts si important, point de sépulture, mais "une grande fosse avec des milliers de morts".

Les autorités sanitaires ainsi que le Croissant-Rouge ont cependant mis en garde contre ces charniers. "Nous exhortons les autorités des communautés touchées par la tragédie à ne pas se précipiter dans des enterrements ou des crémations de masse", a mis en garde le docteur et cadre de l'OMS Kazunobu Kojima.

Il souligne que les corps des personnes victimes de catastrophes naturelles ne représentent "presque jamais" de risque sanitaire mais peuvent engendrer des grands désordres juridiques, sociaux à l'échelle du pays. Sans oublier la détresse mentale durable des familles des défunts qui n'ont pas pu organiser de funérailles et faire leur deuil.

Par Hortense Gérard avec Tom Kerkour