BFMTV
Libye

Inondations en Libye: huit responsables placés en détention par le procureur général

Des secours marchent dans les rues de Derna en Libye le 17 septembre 2023

Des secours marchent dans les rues de Derna en Libye le 17 septembre 2023 - ABU BAKR AL-SOUSSI / AFP

Selon le dernier bilan officiel provisoire, les inondations ont fait au moins 3868 morts, alors que des milliers d'autres personnes sont toujours portées disparues.

Une réponse a la tragédie qui a touché le pays plus tôt dans le mois. Le Procureur général de Libye a ordonné le placement en détention provisoire de huit responsables libyens dans le cadre d'une enquête sur la rupture des deux barrages ayant entraîné les inondations meurtrières de Derna le 10 septembre, a annoncé lundi son bureau.

Bilan tragique

Les huit personnes, occupant ou ayant occupé des postes à responsabilité au sein du département des ressources hydrauliques ou celui de la gestion des barrages en Libye, sont soupçonnées entre autres de "mauvaise gestion" et de "négligence", a précisé le bureau du Procureur dans un communiqué.

Le maire de Derna Abdulmonem al-Ghaithi, démis de ses fonctions avec le reste du Conseil municipal après le drame, fait également partie des personnes concernées par le placement en détention.

La tempête Daniel a frappé dans la nuit du 10 au 11 septembre l'Est de la Libye notamment Derna, une ville de 100.000 habitants bordant la Méditerranée, entraînant la rupture de deux barrages en amont et provoquant une crue de l'ampleur d'un tsunami emportant tout sur son passage.

Selon le dernier bilan officiel provisoire, les inondations ont fait au moins 3868 morts, alors que des milliers d'autres personnes sont toujours portées disparues.

Mise en garde en 2022

Le 18 septembre, des centaines d'habitants de Derna avaient manifesté pour réclamer des comptes aux autorités de l'est du pays, responsables selon eux de la catastrophe.

Le Procureur général libyen al-Seddik al-Sour avait annoncé le 15 septembre avoir ouvert une enquête sur les circonstances du drame. Selon lui, la direction des barrages en Libye avait signalé des fissures sur les deux ouvrages dès 1998 mais aucun travail n'a été accompli pour y remédier.

L'enquête s'est notamment intéressée à un contrat conclu entre le département libyen des Eaux et une compagnie turque pour l'entretien des deux barrages et le versement en 2014 à cette dernière de "sommes disproportionnées" et ce "bien qu'elle ait violé les engagements stipulés dans le contrat", selon le communiqué du Procureur.

Dans une étude en novembre 2022, l'ingénieur et universitaire libyen Abdel-Wanis Ashour avait mis en garde contre une "catastrophe" menaçant Derna si les autorités ne procèdent pas à l'entretien des deux barrages.

Mais cet avertissement est resté sans effet bien que la Libye, qui dispose des réserves pétrolières les plus abondantes d'Afrique, ne manque pas de moyens.

HS avec AFP