BFMTV
Afrique

Les rebelles libyens tiennent Bir al Ghanam, à 80 km de Tripoli

Les insurgés libyens ont pris le contrôle de Bir al Ghanam, le point le plus proche de Tripoli - 80 km - qu'aient atteint les rebelles. Sa prise est de nature à donner un nouvel élan à leur campagne engagée pour évincer le dirigeant libyen Mouammar Kadhaf

Les insurgés libyens ont pris le contrôle de Bir al Ghanam, le point le plus proche de Tripoli - 80 km - qu'aient atteint les rebelles. Sa prise est de nature à donner un nouvel élan à leur campagne engagée pour évincer le dirigeant libyen Mouammar Kadhaf - -

par Michael Georgy BIR AL GHANAM, Libye (Reuters) - Les insurgés libyens qui ont pris le contrôle de Bir al Ghanam, une localité située à 80 km au...

par Michael Georgy

BIR AL GHANAM, Libye (Reuters) - Les insurgés libyens qui ont pris le contrôle de Bir al Ghanam, une localité située à 80 km au sud de Tripoli, ont annoncé lundi l'intention de poursuivre en direction de la capitale, bastion du colonel Mouammar Kadhafi.

Cette bourgade du désert est le point le plus proche de Tripoli qu'aient atteint les rebelles. Sa prise durant le week-end est de nature à donner un nouvel élan à leur campagne engagée il y a six mois pour évincer le "guide" libyen.

Les combattants anti-kadhafistes campaient depuis fin juin aux abords de Bir al Ghanam sans pouvoir avancer. Ils ont déclaré lundi à Reuters qu'ils étaient entrés dans la localité, samedi avec un appui aérien de l'Otan.

Leur prochaine étape, ont-ils précisé, sera Zaouïah, ville côtière située à 50 km à l'ouest de la capitale et qui a connu depuis février deux soulèvements écrasés par les forces kadhafistes. De nombreux combattants rebelles présents à Bir al Ghanam sont originaires de Zaouïah.

"Notre objectif est de gagner Zaouïah. Quand nous l'aurons fait, c'en sera fini de Kadhafi", prédit Mourad Bada, qui fredonne à l'ombre d'un arbre une chanson évoquant Zaouïah.

La prise de Bir al Ghanam constitue la principale percée des insurgés en Libye après des semaines de statu quo sur trois fronts. Mais elle ne peut évidemment pas suffire à menacer l'emprise de Mouammar Kadhafi sur le pouvoir.

Il est probable que le petit contingent rebelle venant du Sud rencontre une résistance beaucoup plus sérieuse en s'approchant de la capitale. Et ailleurs dans le pays, la progression des anti-kadhafistes est freinée par les dissensions et les rivalités internes.

ARMES ABANDONNÉES

Le Premier ministre libyen, Al Baghdadi Ali al Mahmoudi, affirmait dimanche que les forces gouvernementales avaient repris Bir al Ghanam après avoir repoussé une attaque rebelle.

Mais sur place, lundi matin, le seul signe de présence des troupes kadhafistes était les armes qu'elles avaient abandonnées en s'enfuyant. On pouvait voir dans le centre trois chars incendiés et une pièce d'artillerie abandonnée.

Un char se trouvait près d'un cratère apparemment produit par un tir de l'aviation alliée.

Des combattants insurgés prenaient du repos sous la chaleur. L'un d'eux pansait une blessure au bras causé par un éclat d'obus. Un autre, Salim Chaouch, 32 ans, a raconté que les rebelles, soutenus par des avions de l'Otan, s'étaient lancés à pied samedi dans une bataille de cinq heures à partir d'une série de crêtes situées aux abords de Bir al Ghanam.

Il a fait état de cinq morts côté insurgés, dont un père libyo-américain et son fils appartenant à un contingent composé d'étrangers d'origine libyenne revenus combattre le régime de Mouammar Kadhafi. Les deux hommes ont été tués par un tir de roquette, le père serrant son fils dans ses bras, a-t-il dit.

Les rebelles et leurs alliés de l'Alliance atlantique espèrent voir le "guide" libyen finir par renoncer au pouvoir si on le maintient sous pression en le privant d'armes, de carburant et de liquidités tout en attaquant ses troupes.

AUCUN RÉPIT

Mais si l'engagement de l'Otan faiblissait, Mouammar Kadhafi trouverait sans doute les moyens de garder le pouvoir.

Bien que certains membres de l'Otan s'inquiètent de voir se prolonger la campagne aérienne en Libye à un moment où ils rencontrent des difficultés économiques, l'offensive ne semble connaître aucun répit pour le moment.

L'alliance souligne que ses raids visent à protéger les civils des troupes kadhafistes, mais divers éléments montrent que l'Otan coordonne ses actions avec celles des rebelles.

Dimanche, après avoir décollé d'un navire de guerre en Méditerranée, des hélicoptères de combat Apache britanniques ont tiré des missiles Hellfire sur des véhicules militaires à Al Watyah, base aérienne gouvernementale située à 170 km au sud-ouest de Tripoli, a indiqué un porte-parole militaire.

La capitale libyenne connaît des pénuries d'électricité qui s'aggravent en accentuant la pression sur le régime libyen. La télévision d'Etat a exhorté dimanche les habitants à économiser l'énergie en coupant la climatisation dans les mosquées et les bureaux quand on ne les utilise pas.

Avec Missy Ryan à Tripoli, Philippe Bas-Rabérin pour le service français, édité par Gilles Trequesser