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Les fidèles de Gbagbo gagnent du terrain à Abidjan

Dans la banlieue nord d'Abidjan, vendredi. Selon les Nations unies, les forces loyales à Laurent Gbagbo, assiégé dans sa résidence de la capitale économique ivoirienne, gagnent du terrain dans les quartiers administratif du Plateau et diplomatique de Coco

Dans la banlieue nord d'Abidjan, vendredi. Selon les Nations unies, les forces loyales à Laurent Gbagbo, assiégé dans sa résidence de la capitale économique ivoirienne, gagnent du terrain dans les quartiers administratif du Plateau et diplomatique de Coco - -

par Ange Aboa et Patrick Worsnip ABIDJAN/NATIONS UNIES (Reuters) - Les forces loyales à Laurent Gbagbo, assiégé dans sa résidence d'Abidjan, gagnent...

par Ange Aboa et Patrick Worsnip

ABIDJAN/NATIONS UNIES (Reuters) - Les forces loyales à Laurent Gbagbo, assiégé dans sa résidence d'Abidjan, gagnent du terrain dans les quartiers administratifs du Plateau et diplomatique de Cocody tout en se rapprochant de l'hôtel du Golf, rapportent les Nations unies.

Alain Le Roy, secrétaire général adjoint de l'Onu chargé des opérations de maintien de la paix, a déclaré que les partisans du président ivoirien sortant avaient profité d'une pause, mardi, des combats pour des pourparlers de paix comme d'une ruse pour renforcer leurs positions.

"D'après ce que nous comprenons, les forces de M. Gbagbo ont depuis (...) regagné du terrain et contrôlent la totalité du Plateau et de Cocody", a-t-il dit à la presse.

Samedi, la cité lagunaire était une ville fantôme, avec de rares habitants se risquant dans les rues à la recherche de nourriture et d'eau ou tentant de fuir avant une reprise des combats.

La France a annoncé que des partisans de Laurent Gbgabo avaient ouvert le feu vendredi soir sur la résidence de France, qui jouxte celle du président sortant à Cocody, déclenchant une contre-attaque d'hélicoptères français de "Licorne".

Laurent Gbagbo, qui s'incruste à son poste malgré la victoire de son opposant nordiste, Alassane Ouattara, validée par la quasi-totalité de la communauté internationale, demeure isolé dans son bunker situé au sous-sol de sa résidence.

Il y a trois jours, sa défaite semblait pourtant imminente et les deux camps avaient engagé des pourparlers en vue d'une sortie honorable pour Laurent Gbagbo.

A Paris, son porte-parole, Toussaint Alain, a démenti que la résidence de l'ambassadeur de France ait été attaquée.

"La France cherche une bonne raison d'en finir avec le président Gbagbo, et nous mettons en garde contre le projet de la France d'assassiner le président Gbagbo", a-t-il dans la nuit.

Le porte-parole de l'état-major français à Paris, le colonel Thierry Burkhard, a démenti ces informations.

Autre signe de l'influence retrouvée du camp Gbagbo - la Radio-télévision ivoirienne (RTI, télévision nationale), silencieuse depuis le début des combats à Abidjan, a repris ses émissions et lancé un appel à la population. "Le régime de Gbagbo est toujours en place, une forte mobilisation de la population est nécessaire", a-t-elle dit.

ABANDON D'UNE OPÉRATION D'EXFILTRATION

Laurent Gbagbo, au pouvoir en Côte d'Ivoire depuis 2000 bien qu'il n'ait été élu que pour un quinquennat, est retranché sous la protection d'un millier de combattants - la garde présidentielle et les Jeunes Patriotes plus, d'après le camp Ouattara, des civils en armes.

Selon Le Roy, les forces de Gbabgbo progressent en direction de l'hôtel du Golf, où le vainqueur du scrutin présidentiel du 28 novembre vit retranché sous la protection des casques bleus de l'Onuci. "A l'heure où je vous parle, a dit Le Roy vendredi soir, ils sont vraisemblablement très près de l'hôtel".

Des témoins ont raconté que des hélicoptères français ont tiré vendredi en fin de journée sur le complexe de la résidence présidentielle quelques heures après une attaque des forces de Gbagbo contre la résidence de France.

Frédéric Daguillon, porte-parole de "Licorne", a déclaré que les efforts militaires déployés pour évacuer le personnel d'une mission diplomatique dont l'identité n'a pas été révélée ont été abandonnés dans le secteur en raison de la présence de nombreux combattants de Gbagbo.

"Le commandant de la force a jugé que les conditions n'étaient pas réunies pour extraire ces personnes", a-t-il expliqué, ajoutant qu'au moins un véhicule blindé de transport de troupes a été détruit lors d'un échange de tirs entre les hélicoptères français et les forces de Gbagbo.

Par suite, des habitants de Cocody ont fait savoir que la situation était redevenue calme.

Un journaliste de l'agence Reuters dans le quartier nord de Gesco a rapporté que les seules personnes à s'aventurer dans les rues étaient celles à la recherche d'eau et de nourriture, ou bien celles qui voulaient fuir les violences.

Selon une porte-parole de la Croix-Rouge ivoirienne, le personnel a pu circuler vendredi dans les rues d'Abidjan à bord de sept ambulances pour venir en aide aux malades et aux blessés.

"Nos personnels travaillent dans des conditions extrêmement difficiles, on entend en permanence des tirs", a confié samedi à Reuters Nicole Engelbrecht, porte-parole du CICR.

Version française Jean-Loup Fiévet