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Afrique

Les combats s'intensifient en Libye, notamment à Misrata

Insurgés libyens tirant une roquette vers les pro-Kadhafi sur la ligne de front, près d'Ajdabiah, dans l'est du pays. Les combats se sont intensifiés vendredi en Libye, où les forces du colonel Mouammar Kadhafi ont de nouveau pilonné les rebelles retranch

Insurgés libyens tirant une roquette vers les pro-Kadhafi sur la ligne de front, près d'Ajdabiah, dans l'est du pays. Les combats se sont intensifiés vendredi en Libye, où les forces du colonel Mouammar Kadhafi ont de nouveau pilonné les rebelles retranch - -

par Moussab al Khairalia TRIPOLI (Reuters) - Les forces du colonel Mouammar Kadhafi ont de nouveau pilonné vendredi les rebelles libyens retranchés à...

par Moussab al Khairalia

TRIPOLI (Reuters) - Les forces du colonel Mouammar Kadhafi ont de nouveau pilonné vendredi les rebelles libyens retranchés à Misrata, dans l'ouest du pays, où la bataille pour le contrôle du port de la ville assiégée fait rage.

Un médecin présent sur place a dit à la chaîne de télévision Al Djazira que les tirs de roquettes avaient tué huit personnes, principalement des femmes et des enfants.

D'autres affrontements ont eu lieu dans l'est de la Libye, à un kilomètre de l'entrée ouest d'Adjabiah, ont dit des insurgés, qui ont perdu l'un des leurs au cours de ces combats.

Ce dernier, qui tenait une batterie antiaérienne, a été tué par balles et deux autres de ses frères d'armes ont été blessés.

Ajdabiah est la dernière grande ville tenue par les rebelles avant Benghazi, leur bastion dans l'Est.

De son côté, l'aviation de l'Otan a mené des raids sur Syrte, la ville natale de Mouammar Kadhafi, a rapporté la télévision officielle libyenne. "La ville de Syrte a été la cible il y a peu de temps de bombardements des agresseurs colonialistes croisés", a déclaré la chaîne Al Jamahiriya.

Des habitants de Misrata, seule localité aux mains des insurgés dans l'Ouest, ont confié à Al Djazira que pour la seule journée de vendredi une centaine de roquettes avaient été tirées sur Misrata, y compris sur des quartiers résidentiels.

Jeudi, 23 civils avaient déjà péri dans des circonstances similaires, poussant plusieurs porte-parole de la rébellion à implorer l'Otan de venir leur prêter main forte.

"Les chars pilonnent Nakl al Thekil, l'armée tire partout. Ça a commencé ce matin, puis ça c'est arrêté et là, ça a repris", a dit par téléphone à Reuters un des représentants des insurgés disant s'appeler Kamel Salem.

PLUS DE 200 ROQUETTES TIRÉES SUR LE PORT

La route de Nakl al Thekil est un axe stratégique puisqu'elle mène au port de Misrata, seule possibilité d'échanger avec le reste du monde et du pays.

"Ils ont tiré sur cette route car le port de Misrata est la seule fenêtre vers le monde extérieur (...) L'ampleur des destructions est énorme. J'étais sur place et j'ai pu le constater", a confié à Reuters un autre porte-parole se présentant sous le nom de Ghassan.

Selon les rebelles, plus de 200 roquettes ont été tirées vendredi en direction du port, qui a dû être fermé.

Pour les analystes, la clé du conflit de Misrata, dont le siège dure maintenant depuis plus de six semaines, demeure la maîtrise du port.

Si les rebelles semblent garder un avantage dans les combats urbains, ils pourraient toutefois être sérieusement handicapés si jamais les forces fidèles au dirigeant libyen parvenaient à occuper le port, ou à en couper l'accès par la route, selon Paul Beaver, expert des questions de défense à Londres.

"Si j'étais leur commandant, c'est exactement ce que je ferais. Le port est la clé (...) tout comme le fait de pouvoir s'y rendre ou en partir", a-t-il expliqué à Reuters.

Des images tournées dans le centre de la troisième ville de Libye montrent un spectacle de chaos où les médecins tentent de soigner des blessés sans le matériel adéquat, juste à côté de carcasses de véhicules encore fumantes.

L'OTAN ATTEND PLUS D'AVIONS

Le porte-parole de la rébellion Kamel Salem a une nouvelle fois posé la question de l'engagement réel de l'Otan dans ce conflit, tout en redoutant un "massacre".

"Qui a besoin d'être en sécurité ? Kadhafi ou les civils ? Mais comment réfléchit ce monde ? Je n'en ai aucune idée", a-t-il dit.

Au-delà des conditions de vie des habitants de Misrata se pose la question des travailleurs immigrés coincés depuis six semaines dans cette ville. Ils sont principalement africains, asiatiques, sont sans ressource et manquent de tout, encore plus que les autochtones.

Leur situation a quelque peu évolué vendredi puisqu'un bateau grec a pu appareiller tôt dans la matinée, avant que le port ne soit fermé, avec à son bord près de 1.200 d'entre eux, en route vers Benghazi.

Selon une porte-parole de l'Organisation des migrations internationales (OIM), le "Ionian Spirit" a par ailleurs réussi à décharger 400 tonnes d'aide dans la nuit à Misrata, malgré les bombardements.

Sur le plan diplomatique, l'Otan a dit s'attendre à l'envoi rapide de nouveaux avions en Libye afin d'intensifier les frappes au sol, alors qu'au même moment Moscou appelait à la retenue et prônait un dialogue politique immédiat.

Avec Michael Georgy à Ajdabiyah, Julien Toyer à Berlin, Jean-Loup Fiévet et Olivier Guillemain pour le service français, édité par Gilles Trequesser