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Afrique

Le Kenya en ébullition pour la venue de Barack Obama

Première visite officielle d'un chef d'Etat américain au Kenya, le déplacement de l'actuel président des Etats-Unis dans ce pays d'Afrique de l'Est revêt un caractère bien spécifique puisque c'est de ce pays que son père était originaire. De quoi susciter un engouement très fort sur place.

C'est un déplacement pas comme les autres pour l'une des personnalités les plus importantes de la planète. Pour la première fois en tant que président des Etats-Unis, Barack Obama réalise depuis ce vendredi en début de soirée une visite au Kenya. Un voyage lourd de sens, aussi bien d'un point de politique que personnel. Et qui suscite une véritable hystérie sur place.

> Un "retour au pays" longtemps impossible

Si Barack Obama est déjà allé à plusieurs reprises au Kenya, terre de son père, c'est bien la première fois qu'il s'y rend depuis qu'il occupe la Maison Blanche. Et c'est même la première fois qu'un chef d'Etat américain foulera le sol kenyan. Tout un symbole.

Ce "retour au pays" a longtemps été empêché par l'inculpation de l'actuel président kenyan, Uhuru Kenyatta, par la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité, en raison de son rôle présumé dans les violences post-électorales fin 2007-début 2008. Les poursuites en question ayant été abandonnées en décembre dernier, une visite présidentielle américaine a de nouveau été rendue possible.

"C'est évidemment important d'un point de vue symbolique, j'espère que cela montrera que les Etats-Unis sont un partenaire fort, pas seulement pour le Kenya mais pour l'Afrique subsaharienne", a déclaré à ce titre le chef d'Etat américain.

> Une histoire de famille(s)

Face à son homologue africain, Barack Obama devrait discuter de commerce et sécurité. Mais pas que. La conversation entre les deux présidents pourrait prendre un tournant un peu plus personnel. Explications.

Le père du président Obama était en effet économiste pour le gouvernement du père de Uhuru Kenyatta, Jomo, qui dirigea le pays pendant 14 ans, de l'indépendance jusqu'à sa mort en 1978. Les deux hommes ne s'entendaient pas et Obama père finit par être limogé par Kenyatta père, un ostracisme qui contribua à son alcoolisme.

Né dans l'ouest du Kenya dans un village près de l'équateur et du Lac Victoria, Barack Obama Senior a quitté sa famille quand celui qui deviendra le premier président Afro-Américain des Etats n'était âgé de que de deux ans. Il est mort dans un accident de voiture à Nairobi en 1982, à 46 ans, sans ne jamais connaître réellement son fils.

> Un retour... fortement encadré

Dans un pays traumatisé par les tueries des shebab - ces insurgés islamistes somaliens affiliés à Al-Qaïda - la sécurité a été drastiquement renforcée avant l'arrivée de Barack Obama.

"Le président américain est une cible de haute importance, donc un attentat, ou même une tentative, permettrait aux shebab d'être sur le devant de la scène", avertit Richard Tutah, expert en sécurité basé à Nairobi, la capitale kenyane, interrogé par l'Agence France-Presse (AFP).

Plusieurs centaines d'agents du "Secret service", l'agence chargée de la sécurité du dirigeant américain, sont arrivés au Kenya ces dernières semaines et ont, selon les médias locaux, passé au crible trois hôtels - le Sankara, la Villa Rosa Kempinski et l'Intercontinental. "Le niveau de sécurité est suffocant", résume Abdullahi Halakhe, analyste spécialiste des questions sécuritaires dans la région.

Le Kenya assure aussi sa part: le commandant de la police de Nairobi, Benson Kibue, a assuré mercredi que 10.000 policiers, soit près d'un quart des effectifs du pays, seraient déployés dans la capitale, et qu'une partie des grands axes de la ville seraient fermés ces vendredi et samedi.

> Un sacré coup de pub

Face aux importants moyens déployés, certains n'ont pas hésité à surfer sur la vague, comme l'a notamment repéré CNN. Si la venue du président américain risque bien de faire déplacer des foules, d'autres vont chercher à quitter une capitale kenyane qui s'apprête à être totalement asphyxiée.

Une agence de voyage propose ainsi de réaliser une "Obamigration", sorte de week-end touristique, pour ceux qui désirent éviter les routes bloquées par question de sécurité. 

Des routes qui ont par la même occasion été gratifiées d'un sérieux coup de jeune. Ainsi, sur le trajet qu'empruntera "Potus", le bitume a été changé, les trottoirs ont été rénovés et même la pelouse a été remplacée.

Quant aux marchands et aux marques locales, beaucoup ont sauté sur l'occasion: de nombreux tee-shirts, chapeaux, DVD et autres "goodies" sont proposés à la vente pour célébrer cette visite. Principale bière consommée au Kenya, la marque "Tusker" va de son côté s'afficher sur un grand panneau publicitaire pour souhaiter la bienvenue au président américain.

> La déception de grand-mère Obama

L'annonce de cette visite présidentielle américaine a également fait la joie du clan Obama local. Un temps tout du moins. Née en 1921, Sarah Onyango Obama, troisième épouse du grand-père du président des Etats-Unis, a ainsi déclaré vouloir faire à manger à son petit-fils, et lui proposer toutes sortes de plats traditionnels de son pays.

Celle que les Kényans surnomment "Mama Sarah" et qui vit à Kogelo, petit village de l'ouest kényan, s'est toutefois faite une raison: il lui sera très compliqué de pouvoir partager un repas avec son très occupé petit-fils président.

Jé. M.